Les Dessins de Sylvia Plath

Sylvia Plath (1932-1963) est ce que l’on appelle une figure dans le monde poétique ; tout autant, d’ailleurs, que dans la vie sociale où, à son corps défendant – elle était décédée – elle devint l’icône d’une révolte en marche, ce féminisme des années 1960-70 qui dénonçait le rôle subalterne dévoué aux femmes et le déni de leur capacité intellectuelle et artistique.

 

Pour Sylvia Plath la poésie était toute sa vie, elle y consacra toutes ses forces, et malgré un mariage heureux avec le poète anglais Ted Hugues et deux beaux enfants, comme l’on dit, la vie des époux, axée sur la seule littérature, ne fut pas de tout repos. L’infidélité de son mari associé à des troubles bipolaires et un hiver trop froid la conduisirent au suicide en février 1963. Et le succès ne vint – comme bien trop souvent – quen 1965 avec la parution d’Ariel ; republié en 2004 en Angleterre (Faber & Faber) et aux Etats-Unis (Harper Collins).

 

Si la poésie construisait son quotidien, les arts plastiques n’en ont pas moins été toujours très importants dans sa vie, témoigne sa fille dans la préface. Cette édition nous présente les dessins des années 1955 à 1957, période féconde durant laquelle Sylvia Plath étudie à l’Université de Newnham, à Cambridge, en tant que boursière du prestigieux programme Fulbright.

C’est durant cette période faste qu’elle fait la connaissance de Ted Hugues, l’épouse en secret : lune de miel à Paris, puis voyage en Espagne et installation aux USA en juin 1957.



Dans mon esprit et dans mon cœur, chacun de ces dessins est lié à un merveilleux moment passé ensemble sous le soleil brûlant, Ted lisant, écrivant des poèmes ou simplement parlant avec moi.

 

Les dessins à l’encre réalisés par Sylvia Plath soulignent l’acuité de son regard, cette précision dans l’observation qu’elle parvenait à reproduire sur la feuille ; témoins de ces instants de calme passés dans une ville inconnue que l’on découvre au bras de l’homme aimé. Toits parisiens, arbres, églises… et un portrait de Ted Hugues.

Certainement un épisode clé dans la vie de la poète comme en témoignent les lettres à sa mère et les extraits de son journal qui concluent l’ouvrage, passages poignants où elle évoque son art.

 

Une image : étrange, d’un autre monde, avec ses propres codes, un monde souterrain de boue compacte, peuplé de crabes silencieux.

 

François Xavier

 

Sylvia Plath, Dessins, préface de Frieda Hughes, 152 x 223, relié & couverture cartonnée, 50 illustrations, traduction de l’anglais par Valérie Rouzeau, La Table ronde, octobre 2016, 88 p. – 22,00 euros

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