Les Pastels de l’Hermitage

Jusqu’au 21 mai 2018 se tient à la Fondation l’Hermitage, à Lausanne, une exposition sur les pastels, inspirée par les Danseuses au repos de Degas, don de Lucie Schmidheiny voilà vingt ans.
Y sont présentées plus de cent cinquante œuvres provenant de collections suisses pour nous permettre d’appréhender l’aventure du pastel dans l’histoire de l’art depuis son apparition au XVIe siècle en Italie jusqu’à sa réappropriation par quelques artistes contemporains.

Au début le bâton de craie tendre ne sert qu’à rehausser la couleur dans une étude, un pis-aller en quelque sorte. Puis il sera utilisé comme un matériau à part entière, s’affirmant sur toute la surface de l’œuvre, surtout dans sa propriété si spécifique quand le peintre veut exprimer la richesse des textures ou le velouté particulier d’une peau, voire rendre la lumière dans son infinie complexité.
Le XVIIIe siècle sera l’âge d’or du portrait au pastel.

Les fameux bâtons de pastel arrivèrent à Paris au milieu du XVIIe siècle mais c’est au fil du siècle suivant que technique et offre commerciale vont s’affiner et que la fabrication artisanale va se développer dans toute l’Europe. Le XIXe verra même  Boudin et Sisley qui ne le bouderont pas et Degas va lui offrir une reconnaissance et une renommée internationale en libérant tous les possibles grâce à son inventivité qui parviendra à fusionner dessin et couleur pure.
Puis au XXe siècle les recherches sur l’abstraction vont utiliser la puissance de ses pigments, le mettant en première place dans la révélation de l’autonomie de la couleur : Kupka, Klee, Giacometti en seront les hérauts…
Plus proche de nous encore, Szafran ou Phillips l’inviteront dans un retour à la figuration.

Certains portraits réalisés par Quentin de La Tour, Liotard ou Pougin de Saint-Aubin sont saisissants de précision, d’un lissé si fin, liant réalisme et luminosité qu’on reste assez étourdis devant une telle prouesse technique. Pour ce qui est d’une approche plus émotionnelle, artistique, on ira plutôt se porter vers Manet ou Segal qui libèrent la trace du trait, supprimant cet effet photographique pour nous emporter dans un tourbillon de songes et une atmosphère plus poétique, permettant le rêve dans la contemplation de l’œuvre…

Fruit d’une longue et patiente recherche à travers les collections suisses, cette exposition sur trois étages offre un panorama complet des diverses pistes suivies par les artistes au fil du temps, ponctué par un catalogue ambitieux aux riches illustrations.

 

François Xavier

 

Sylvie Wuhrmann & Aurélie Couvreur (sous la direction de), Pastels du 16e au 21e siècle, 170 reproductions couleur, 240x290, La Bibliothèque des Arts, février 2018, 224 p. – 49 €

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