Père Noël est une ordure

Comme chaque année, il y aura quelque part dans les programmes télé du 24 ou du 25 décembre la énième diffusion du Père Noël est une ordure, le film ou la pièce, en alternance depuis 1979 que cette pièce de boulevard est cultissime. Et, comme chaque année, grand sera le nombre des téléspectateurs et des commentaires du lendemain. 

Cette pièce gentiment foutraque doit son succès au décalage permanent entre la gentillesse et la méchanceté, et s'impose comme une critique acide des bons sentiments. "Il y a un temps pour prendre ses aises et un temps pour prendre sur soi" avertit la bonne Thérèse à sa protégée Josette... Un temps pour aider les autre (SOS détresse amitié) et un temps pour les massacrer, à coup de fer à repasser s'il le faut !

Pourtant c'est un huis-clos minimaliste : une équipe de bénévoles d'un standard téléphonique d'assistance aux personnes seules, SOS Détresse Amitié, offrent un moment d'écoute généreuse à ceux qui n'ont personne... Et en cette soirée de réveillon, la détresse est d'autant plus visible. Mais derrière cette façade se cachent toute la petitesse des hommes et leurs pires travers. Où quand la générosité affichée est confrontée aux réalités d'un monde qu'on tenait jusqu'ici à distance par le téléphone... Et donc, quand débarquent - un peu en force dans les bureaux de l'agence - une assistée sociale, son mari alcoolique et violent, un travelo dépressif, le voisin immigré et envahissant, alors que les deux permanents Thérèse et Pierre avaient comme petite idée de se faire un réveillon à deux et, pourquoi pas, retrouver leurs élans de l'an passé, la soirée tourne au cauchemar ! Les scènes les plus invraisemblables s'enchaînes à un rythme fou et même quand il ne se passe rien, les trouvailles scéniques font mouche, comme l'alignement parfait du costume de Pierre sur le canapé du bureau, même tissu... 

Après au moins une cinquantaine de visionnage, cette pièce réserve encore de menus surprises, des petits détails désopilants oubliés dans la masse des rires. C'est donc avec un plaisir non dissimulé qu'on relis le texte et y retrouve cette qualité d'écriture comique qui ne perd pour ainsi dire rien de la scène au papier.

On regrettera pourtant le choix esthétique de cette édition de poche qui vient longtemps après l'édition d'Actes sud (collection "papiers" 1998 et "babel" 2000) : le côté caricature des illustrations dévalorisent le vrai comique de la pièce, et, disons-le, sont un peu tout simplement inutiles...  

Loïc Di Stefano

Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermite, Bruno Moynot, illustrations de Nathalie Jomard, Le Père Noël est une ordure, Pocket, novembre 2012, 108 pages, 6,70 eur

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