"La complainte de l’obèse" : En gros, disons que vous n’êtes pas adaptée

L’obésité frappe nos sociétés modernes occidentales depuis une trentaine d’années : de plus en plus de gros, de gras, d’énormes, de baleines et autres mastodontes. Si la société les supporte tant bien que mal, elle les stigmatise et les met à la marge dès que possible.

Une obèse est donc accusée d’obésité, et doit comparaître devant un tribunal chargé de décider quelle sera sa peine. Notre obèse qui, comme tous les autres personnages, n’a pas de nom mais une fonction (l’obèse, la juge, la greffière, le procureur, les huissiers, les journalistes…), va donc tenter de se défendre et d’être graciée par ce tribunal d’opérette. Sa défense : être elle-même, et renvoyer à cette communauté qui l’accuse l’image qu’elle ne veut pas voir, à savoir celle d’une société qui encourage la surconsommation dans tous les domaines, et qui en même temps refuse d’en voir les méfaits.

S’inspirant de Brecht, Mireille Ko aborde ici un thème contemporain. En quelques pages, elle met le doigt où ça fait mal, nous confronte à nos contradictions et cherche une issue. Oui, l’obésité est un fléau, oui, il faut la combattre, mais il faudrait d’abord commencer par s’occuper de ses causes si on veut pouvoir en traiter les conséquences. Et à défaut, il faudra bien que la société accepte les différences nées des excès qu’elle a elle-même suscités.

Chronique d’une différence qui tente de s’assumer, cette pièce est rythmée par des personnages parfois loufoques, mais souvent en prise directe avec notre quotidien. On appréciera le style léger de l’auteur, en contradiction sans doute volontaire avec la question soulevée, si je puis me permettre. Vraie curiosité, cette pièce se laisse lire toute seule tant le propos en est actuel ; elle ne laisse pas indifférent.


Glen Carrig

La complainte de l’obèse, Mireille Ko, Librairie théâtrale, octobre 2012, 66 pages, 8,70€

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.