Orlando, vaine démonstrativité

C’est un dialogue entre professionnels du théâtre : la mère, et son fils, qui la somme d’identifier son père. Elle se fait prier, répond en multipliant les demandes et les ambigüités. L’hypothèse d’un géniteur génial conduit à envisager la participation d’Orlando à l’élaboration d’une œuvre théâtrale. La pièce se compose de l’exploration successive de figures du père, à travers l’engagement dans des troupes, représentant autant de modalités parodiques de la création artistique. Un propos vif, qui vise un effet comique et satirique. Il s’agit d’une exploration de la vitalité autant que de nos obsessions, au moyen d’un texte ambitieux et monomaniaque. Un bouffon prodigue ses recettes miracles, souligne les moments pathétiques en les redoublant de façon comique.

Une sarabande ininterrompue de redondances qui semble viser l’ironie de l’inanité. Mais si le spectacle est animé par la ferveur généreuse des comédiens, s’il cherche à chaque moment à mettre en respect le montré, le monstrateur et ultimement la monstration, il se résume à une efflorescence de ferveurs brouillonnes à force d’apparaître surfaites. Bien sûr il s’agit de désir encore et encore. Les rapports entre les personnages mettent en évidence les liens entre demande, objets partiels et sublimation. Mais l’investigation est vaine, à force de ne présenter son objet que sur le mode de l’esquive. On assiste à une démultiplication de réverbérations personnelles et des facilités de la satire (ainsi de celle du ministre de la culture). Tant qu’il consiste en une parodie, le spectacle peut amuser par son auto-ironie. Mais il est pris au piège de sa propre structure, en finissant par valoriser sa propre parole. Le résultat de ce tourbillon est finalement modeste : quelques rires ponctuels et un amusement au mieux dubitatif, au pire agacé.

 

Christophe Giolito

 

Orlando ou l’Impatience texte & mise en scène Olivier Py

 

Avec Jean-Damien Barbin, Laure Calamy, Eddie Chignara, Matthieu Dessertine, Philippe Girard, Mireille Herbstmeyer, Stéphane Leach, François Michonneau

Scénographie, décor, costumes & maquillage : Pierre-André Weitz ; lumières Bertrand Killy ; musique Stéphane Leach.

 

Orlando ou l’Impatience est publié aux Éditions Actes Sud-Papiers, juin 2014.

Création à la FabricA dans le cadre de la 68e édition du Festival d’Avignon-juillet 2014.

 

Authéâtre de la Ville

2 place du Châtelet 75004 Paris


Du 8 au 18 avril 2015, à 20h, sauf le dimanche à 15h, durée 3h20.

 

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