Le Mariage de Maria Braun, une redondance du film ?

Christophe Raynaud de Lage

Au fond d’un salon, on projette des diapositives ; les acteurs, immobiles, debout, sont tournés vers le fond de la scène, comme au spectacle. Les images défilent, elles ont l’aspect d’un élan franc et brut : il s’agit des jeunesses hitlériennes. C’est l’histoire d’une Allemande mariée à la veille de la paix, qui engage sa vie dans des circonstances qui la contraignent à se révéler inventive. Après guerre, on la voit se débattre dans les interstices des événements. Elle y trouve sa place d’autant plus facilement qu’elle ne s’en assignait a priori aucune. Ce vécu qui est ici objet de monstration est rapide, procède d’un enchaînement ininterrompu, conduisant cette femme de situations en situations, affrontant la mort comme une occasion, comme une autre, de rebondir de s’en sortir.

 

Une mise en scène dynamique, qui use du même décor pour en présenter des variantes, soit au moyen de l’éclairage, soit par la disposition du mobilier. Les comédiens, au moyen des multiples accessoires, incarnent successivement différents personnages, au moyen d’un beau travail d’acteur nourri d’un investissement généreux. L’ensemble figure la fragilité des conjonctions de lieux de temps de personnes qui gravitent autour d’un être et finissent par en constituer la texture. Les procédés utilisés sont intéressants, subtils, mais finalement monolithiques, presque redondants. Finalement, la pièce, sans afficher ouvertement sa dépendance à l’égard du film, se révèle contenue, comme si elle ne trouvait pas sa propre mesure, s’exténuant dans la redondance de son propos.

 

Christophe Giolito


Arno Declair

Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder, mise en scène Thomas Ostermeier

D’après l’œuvre originale de Rainer Werner Fassbinder ;

Avec Thomas Bading, Robert Beyer, Moritz Gottwald, Ursina Lardi, Sebastian Schwarz.

 

texte du scénario Peter Märthesheimer, Pea Fröhlich ; mise en scène Thomas Ostermeier ; scénographie Nina Wetzel ; costumes Ulrike Gutbrod, Nina Wetzel ; dramaturgie Julia Lochte, Florian Borchmeyer ; musique Nils Ostendorf ; vidéo Sébastien Dupouey.

 

Au Théâtre de la ville 2 Place du Châtelet, 75001 Paris.

du 25 juin 2015 au 3 juillet 2015,

à 20h30, le dimanche 28 juin à 15h. Relâche le 29 juin.

Durée : 1h45. Spectacle en allemand surtitré en français.

Tél. : 01 42 74 22 77.

Production Münchner Kammerspiele, presenté par la Schaubühne Berlin.

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