Démons, une représentation sertie mais finalement peu incisive

C’est un univers luxueux et froid. Des allusions étranges installent une atmosphère sulfureuse. De façon indirecte, à travers des répliques caustiques, se développe l’aspect acerbe du dialogue entre deux amants que l’on découvre chez eux.  Peu à peu s’expriment de façon explicite les affres d’une relation tortueuse. Les liens amoureux domestiques ouvrent sur des abîmes. Lars Noréen montre le déploiement des nausées sourdes de nos tensions familières, jusqu’à toucher au tranchant du noyau de l’intime. Les désamours spontanés viennent petit à petit émailler le quotidien pour en miner la sérénité.  Il s’agit toujours d’exhiber les tensions de nos vies dans leur intimité pour en manifester la naturelle exacerbation.

 

La pièce montre bien la difficulté de situations torves, la légèreté des pesanteurs savamment nourries, la cruauté d’une complicité trop tissée pour ne pas être inextricable. Une représentation hétérogène, un quatuor d’acteurs doués, mais effectuant des prestations inégales.  Le spectacle est de qualité ; les comédiens campent initialement bien leur personnage, mais hormis Marina Foïs, ils ne saisissent pas la possibilité de faire évoluer leur personnage, afin de donner une épaisseur à leur rôle. Le propos est ténu, il se nourrit d’une mise en tension intéressante mais s’épuise de ne pas donner lieu à des développements qui puissent conférer à la représentation une chair et une teneur. Le caractère dramatique du propos s’en trouve atténué, privé du ressort d’une accentuation qui lui confère un véritable caractère incisif.

 

Christophe Giolito

 

Démons de Lars Norén

mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo

Avec : Anaïs DemoustierRomain DurisMarina Foïs, Stefan Konarske puis Gaspard Ulliel.

 

Traduction Louis-Charles Sirjacq, en collaboration avec Per Nygren ; décor Yves Bernard ; musique  Etienne Bonhomme ; costumes Anne Schotte ; collaboration artistique Élise Vigier ; construction du décor Les ateliers de la Comédie de Caen.

Du 9 septembre au 11 octobre 2015, au Théâtre du Rond-Point, 75008 Paris ;

le 13 octobre 2015 à L'avant-Seine à Colombes (92) ;

les 16 ET 17 Octobre 2015 au Radiant à Caluire  (69) ;

du 20 au 22 octobre 2015 à la Comédie de Caen, CDN de Normandie (14).

 

Production Comédie de Caen – Centre dramatique national / Normandie, coproduction Théâtre du Rond-Point, Teatro Stabile di Genova, avec le soutien du Théâtre des Lucioles / Rennes, création au Théâtre du Rond-Point le 9 septembre 2015.

L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté, publié dans sa traduction française en 1994.

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