Théophile Gautier : Biographie


Vie et œuvres de Théophile Gautier (1811-1872). 

Il se croit d’abord la vocation de peindre et il ne se trompe que sur L’emploi des procédés : c’est comme rapin, élève de Rioult, qu’il prend part à « la bataille d’Hernani », et qu’il scandalise les « philistins » avec son pourpoint rouge cerise, son pantalon vert d’eau, et son pardessus gris noisette. Il publie ses premiers vers à la fin de 1830, sans y révéler encore autre chose qu’une certaine sûreté dans la facture. En 1837 il entre à la Presse pour y faire la critique dramatique ; puis, en 1845, il passe au Moniteur. Il n’en continue pas moins à publier des vers, parallèlement avec des romans : la Comédie de la mort (1838), Émaux et Camées (1852), le Roman de la momie (1856), le Capitaine Fracasse (1863) ; et des voyages : Tra los montes (Voyage en Espagne, 1839), Italia (1852), Constantinople (1854), Voyage en Russie (1866).

 

Théophile Gautier pratique le premier la théorie de l’art pour l’art. Il réagit contre l’« hypertrophie du Moi», contre les perpétuelles effusions sentimentales (Lamartine), contre les désespoirs de l’amour déçu (Musset), contre les prétentions philosophiques ou politiques du poète (Vigny, Hugo). Selon Gautier, le poète est un homme qui voit le monde extérieur et qui en exprime, en vers plastiques et colorés, les aspects divers. Ce n’est pas qu’il bannisse toute idée de la poésie ; mais il n’en impose aucune à son lecteur ; celui-ci, devant un tableau ou devant une silhouette, éprouvera tel ou tel sentiment comme devant la réalité. Aussi Gautier est-il avant tout un grand artiste, qui peut-être, en plein romantisme, a sauvé notre langue et notre versification d’une sorte de diffusion verbale et rythmique. Son chef-d’œuvre est Émaux et Camées.

 

[Source : Charles-Marc Des Granges, Les Grands écrivains français des origines à nos jours, Librairie Hatier, 1900]

 

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