La septième nuit de Venise - guide touristique romanesque pour une Venise secrète et sensuelle

 S’inspirer d’un personnage réel et l’intégrer dans une intrigue policière ou romanesque est un procédé littéraire en vogue. Nous avions déjà Oscar Wilde enquêtant avec son acolyte Conan Doyle, nous avons maintenant Carlo Goldoni membre de la Quarantia criminale qui mène l’enquête sous la plume de Thierry Maugenest  dans  la septième nuit de Venise.

 


Venise. 1727. Des cadavres horriblement mutilés sont retrouvés : Zorzi Baffo, enquêteur à la Quarantia criminale, auteur à ses heures perdues de contes et de poèmes érotiques, est convoqué par les plus hautes instances de Venise pour retrouver l’assassin qui menace l’avenir de la cité des Doges. En effet, les victimes travaillaient toutes sur une invention destinée à révolutionner la navigation et qui pourrait redonner à la Sérénissime sa gloire d’antan. Objet de convoitise et mobile des crimes les plus noirs, ce mystérieux objet ne doit sous aucun prétexte tomber dans les mains des ennemis de Venise. Secondé par son jeune adjoint Carlo Goldoni, passionné de théâtre et futur génie de la comédie italienne, Zorzi Baffo va avoir fort à faire pour sauver une ville plongée dans la délicieuse décadence du carnaval.

 

La septième nuit de Venise est celle de sa décadence, celle menant à sa disparition. Au XVIIIe siècle, Venise a perdu l’influence maritime qui avait fait d’elle l’une des plus grandes puissances européennes. N’ayant pas participé à la conquête des Amériques, Venise a vu sa puissance déclinée au profit d’autres puissances maritimes comme l’Angleterre ou l’Espagne. Pendant ce temps, la cité se noie dans le faste de ses palais, des fêtes qui y sont organisées durant son célèbre carnaval pour terminer dans les bras des courtisanes les plus expertes d’Europe. C’est dans cette atmosphère folle et secrète que Thierry Maugenest nous entraîne au rythme de l’enquête menée principalement par Zorzi Baffo. C’est d’ailleurs l’une des rares critiques que l’on pourra faire au sujet de la septième nuit de Venise présenté comme une des enquêtes de Goldoni. Hors l’on constate que celui qui enquête véritablement n’est pas Goldoni mais Baffo. Carlo Goldoni l’accompagne mais se sert surtout de l’enquête pour écrire l’une de ses pièces : l’enlèvement des Polichinelles. Pièce originale de Goldoni, cette dernière a été découverte dans les archives du palais d’Arvielo et dont l’intrigue a été librement inspirée de plusieurs enlèvements et meurtres survenus à Venise en 1727. Bien que les répétitions rythment l’enquête, Carlo Goldoni n’a pas le rôle auquel on se serait attendu.

 

 Mais finalement ce n’est pas si grave car la véritable héroïne de ce roman, c’est Venise. Venise la secrète, Venise la sensuelle, Venise l’éternelle, une ville que nous découvrons ou redécouvrons page après page pour notre plus grand bonheur. 

 

Julie Lecanu

 

Thierry Maugenest, La septième nuit de Venise, Albin Michel, avril 2014, 309 pages, 19,50 euros.

 

 

 

 

 

 

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