La mort à Venise pour quelques jours absolument original !

On ne sait pas quand cela commence : les comédiens esquissent des mouvements de ce qui semble être une répétition : quelques notes de piano, des lectures, des pas de danse en groupe. Progressivement, le « contrat d’attention » du public se noue ; la lumière de la salle faiblit enfin, tandis que les personnages paraissent désormais installés dans leur rôle. Mais le début du spectacle est marqué par l’arrivée d’opérateurs sur le plateau, qui viennent filmer les visages au plus près, leur tenue et leurs mimiques. Avec ce procédé de mise en proximité, tout est curieusement mis à distance, délibérément artificialisé. Le narrateur est exhibé dans une cabine ; sa voix emplit la scène de son phrasé soigné et amplifié.


On assiste à un spectacle baroque, qui n’introduit des dialogues que par effraction, qui procède comme par fulgurances tranquilles, qui présente des tableaux magnifiques, un travail musical impressionnant. C’est la première fois que Thomas Ostermeier convoque des tableaux chorégraphiés pour en faire l’essentiel d’une représentation qui se manifeste comme recherche théâtrale dissociée de la stricte narration. A terme on assiste à une danse d’une intense ambigüité ; mi grâce mi possession, les corps quasi nus de trois nymphes déploient leur mouvement sur le rythme dégingandé d’une recherche musicale originale. Une démarche ambitieuse, qui assume ses impérieuses prétentions et résout dans une somptueuse déchirure les violences les plus intimes.


Christophe Giolito


Mort à Venise / Kindertotenlieder de Thomas Mann et Gustav Mahler en allemand, surtitré en français, mise en scène Thomas Ostermeier


Avec Josef Bierbichler, Leon Klose/ Maximilian Ostermann, Martina Borroni, Marcela Giesche, Rosabel Huguet, Sabine Hollweck, Felix Römer, Mikel Aristegui
& Bernardo Arias Porras, guitare,
Timo Kreuser, piano
Kay Bartholomäus Schulze, narrateur


Adaptation Maja Zade & Thomas Ostermeier ; chorégraphie Mikel Aristegui ; composition Timo Kreuser ; scénographie Jan Pappelbaum ; costumes Bernd Skodzig ; vidéo Benjamin Krieg ; dramaturgie Maja Zade ; lumières Erich Schneider ; son Daniel Plewe, Wilm Thoben.


La Schaubühne au , 2 Place du Châtelet, 75004 PARIS 01 42 74 22 77

Du samedi 18 au jeudi 23 janvier 2014, à 20h30 sauf le dimanche à 15h.

Le texte de la pièce (Der Tod in Venedig) est paru par exemple chez Fischer Taschenbuch en 1992.

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