Sous le vernis du couple idéal, "Les Apparences" de Gilian Flynn

D'un couple idéal, sans aspérité, on attend que surgisse l'expression du bonheur. Pas de l'Enfer. C'est pourtant ce que Gilian Flynn parvient à faire avec un art consommé du machiavélisme dans Apparences.

Le couple doit quitter New-York à cause de la crise et du chômage pour s'installer là où c'est moins cher, et revenir dans le village de naissance du mari, que la femme déteste pour tout ce qu'il représente. De Manhattan au Missouri ! Et un beau jour, précisément celui de leur cinquième anniversaire, Amy disparaît. Nick prévient la police, ce n'est pas possible que sa femme si aimée ne soit pas là avec lui. La région est fouillée, aucune trace. Nick est le premier suspect, mais sans corps, sans mobile apparent, sans indice et avec un mari éploré, comment instruire à charge ? L'enquête va assez vite être mise de côté dans l'intérêt du lecteur, même si c'est un fil incroyablement tendu qui tient tout le roman, et le centre du livre va devenir les petits secrets du couple, les mensonges surtout. 

"Il se lance dans un mensonge, je n'écoute même pas"

Si personne ne peut prétendre connaître un couple dans son intimité, Amy et Nick sont au  paroxysme de cette vérité. Les chapitres alternent de l'un à l'autre, avant "le jour où", pendant et après, avec des moments de vie, des extraits du Journal, ces extraits qui viennent poser la détresse absolue d'Amy et redimensionner la vie, la réduire à sa triste et médiocre vérité. Qui vont aussi montrer son vrai visage... Les secrets inavouables de l'un et l'autre. Les petites entorses au contrat. La médiocrité d'une vie à deux. Les petits défauts qui faisaient le charme de l'autre et qui deviennent insupportables... Les compromissions, enfin, pour sauver les apparences...

Thriller psychologique palpitant, Les Apparences force l'admiration par la qualité de l'écriture et la constante tension qui ne s'adoucie jamais. Quant à la manipulation, des personnages entre eux aussi bien que du lecteur littéralement pris au piège, elle est simplement magistrale.


Loïc Di Stefano

Gilian Flynn, Les Apparences, Sonatines, août 2012, 574 pages, 22 euros

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.