Miserere, Jean-Christophe Grangé s'en prend aux chorales paroisiales !
Des morts dans la communauté des
chorales paroissiales parisiennes, une cruauté qui va crescendo, un duo
d'enquêteurs aussi improbable qu'efficace, et la dichotomie de deux
univers qui font plonger le lecteur dans le pur et l'impur à la fois :
voilà les promesses tenues avec brio par le redoutable Jean-Christophe Grangé.
Certes, le dénouement se précipite un peu, et les personnages manque d'un rien de profondeur, mais l'efficacité du roman n'en souffre pas. Très documenté, très cru, très précis pour mettre en exergue des points d'histoire politique qui, pour être vrais, n'en sont pas moins vraisemblables, les points forts de l'écriture « grangé » se retrouve ici parfaitement à leur place, en totale harmonie avec un sujet à la fois très souvent utilisé (les nazis, etc.) et pourtant très bien exploité. En prime, Grangé ne se prive pas de rappeler que les dictateurs de l'Amérique latine ont été formé par les occidentaux, tant les anciens SS que les Colonels français d'Alger. L'Histoire est souvent un support idéal à l'incroyable et à l'horrible, qui, savamment mis en scène, font de grands thrillers. Ce Miserere sans conteste est de ceux-là.
Loïc Di Stefano
Jean-Christophe Grangé, Miserere, Albin Michel, septembre 2008, 22,90 euros
Kasdan
est un vieux flics : retraité et à l'ancienne, le parfait emmerdeur
aussi bien pour les malfrats que pour ses collègues, qui cèdent à ses
caprices par amitiés, habitude ou lassitude. Sa retraite est bien
organisée, cadencée par ses activités sportives et associatives. Mais
quand un meurtre a lieu dans sa paroisse arménienne — les premiers
chrétiens d'occident, ceci est important —, il ne lui faut pas longtemps
pour retrouver son habit de flic. Un meurtre étrange : pas de trace de
violence sinon les tympans brisés comme par une très longue, très solide
et très fine tige d'un métal qui n'aurait laissé aucune trace. Et c'est
la personnalité de la victime qui va intriguer, car elle était maître
de choeur dans plusieurs paroisse et, apparemment, victime de la
dictature chilienne avec des choses à dire. Le côté mystique du crime :
une inscription tirée du Miserere
d'Allegri, l'un des plus purs chef-d'oeuvres de la musique chorale où
les voix d'enfants expriment toute leur puissance et leur pureté. Rien
de simple donc, et assez de bizarreries pour sortir Kasdan de sa
retraite. Et plonger Grangé dans un mélange qu'il affectionne, avec plus
ou moins de réussite selon les romans : crime et mysticisme.
L'enquête
commence par le « voisinage » et bien vite Kasdan se retrouve avec
quelques collègues dans les pattes. Pas question pour lui de laisser les
officiels se charger de cette
affaire, la BRD notamment, c'est sa paroisse, c'est assez sulfureux pour
lui. Mais il va accepter l'aide d'un autre déclassé, Volokine, jeune
surdoué de la brigade des mœurs qui tente plus ou moins de suivre sa
cure de désintoxication. L'alliance des deux écoles, qui fera une belle
amitié d'homme, va porter ses fruits, et c'est en puisant dans les
démons propres à chacun (l'Afrique coloniale et sanglante pour Kasdan,
les chorales pour Volokine) que ce duo improbable va parvenir à percer
le mystère d'une sorte d'état dans l'Etat français, fait de puissance
malsaine, de monstruosité, d'idéal neonazi et de vieux tortionnaires qui
veulent aboutir par la souffrance au comble de la grâce !
Certes, le dénouement se précipite un peu, et les personnages manque d'un rien de profondeur, mais l'efficacité du roman n'en souffre pas. Très documenté, très cru, très précis pour mettre en exergue des points d'histoire politique qui, pour être vrais, n'en sont pas moins vraisemblables, les points forts de l'écriture « grangé » se retrouve ici parfaitement à leur place, en totale harmonie avec un sujet à la fois très souvent utilisé (les nazis, etc.) et pourtant très bien exploité. En prime, Grangé ne se prive pas de rappeler que les dictateurs de l'Amérique latine ont été formé par les occidentaux, tant les anciens SS que les Colonels français d'Alger. L'Histoire est souvent un support idéal à l'incroyable et à l'horrible, qui, savamment mis en scène, font de grands thrillers. Ce Miserere sans conteste est de ceux-là.
Loïc Di Stefano
Jean-Christophe Grangé, Miserere, Albin Michel, septembre 2008, 22,90 euros
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