Je ne suis pas un serial killer, ou le combat intérieur d'un gamin qui a toutes les dispositions pour l'être...

Dans la petite ville de Clayton County, calme et parfois trop pour lui, le jeune John Wayne Cleaver doit son prénom à l'acteur, mais lui est persuadé que le destin a fait de lui un serial killer, héritier de John Wayne Gacy, fils de Sam (prénom de son père) et au nom prémonitoire (cleaver signifie couperet)... Il est un plutôt étrange comme adolescent, renfermé, sans ami, n'éprouvant de sentiments que pour les morts du funémarium que sa mère et sa tante gèrent et où il donne un coup de main depuis qu'il est tout petit. Tout concours à faire de lui un pulsionnel, et sa passion immodéré pour les tueurs en série, sur lesquels il ne cesse de se documenter, le met au ban de la société, ce dont il se fiche pas mal parce qu'il est sociopathe ! Même son psychiatre le sait : John est très intelligent et luttera pied à pied contre son mal, mais la lutte est ardue.Je ne suis pas un serial killer est le combat intéreur de John pour combattre ses pulsions, il élabore des règles strictes pour éviter de paraître trop anormal et aller à contre courant de sa nature première. Suit-il trop assidument une personne du regard, qu'il s'impose de l'éviter pendant huit jours d'affilés. Mais tout va imploser quand la ville va être la proie d'un véritable monstre, qui tue et dépece les habitants en laissant derrière lui une étrange boue noire indéfinissable. Qui peut mieux qu'un tueur-en-série-en-gestation se mettre sur les traces d'un tueur-en-série-en-action ? C'est ce que pense John, au risque briser toutes ses règles et de laisser s'échapper le monstre qui est en lui. Mais s'il faut ce sacrifice pour arrêter celui qui terrorise la ville, alors John y consent. Sa nature profonde l'y pousse, et lui seul semble à même d'accepter pour vrais les délires proche de la science-fiction la plus gore qui vont se révéler au fur et à mesure que son enquête progresse. C'est aussi à la construction interne de John que l'on assiste, et le personnage est très attachant. On imagine bien comment va se présenter le second volet de ce qui est annoncé comme une trilogie, en espérant que le monstre donnera libre court à sa folie...L'écriture de Dan Wells est purement jubilatoire, et l'intrigue toujours surprenante par les nombreux rebondissements qui égarent le lecteur et par les cadres d'un genre qu'il explose de l'intérieur. C'est un excellent polar, mais comme s'il jouait avec les règles de l'art. Je ne suis pas un serial killer est un pure moment de bonheur. Loïc Di Stefano 

Dan Wells, Je ne suis pas un serial Killer, traduit de l'anglais par Elodie Leplat, Pocket, juin 2012 (1re édition française chez Sonatine), 6,70 euros

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