Cahiers de Tinbad n° 11 – Godard et les autres

De ce numéro tout peut être retenu. Au lieu d'en proposer un vain survol, nous retiendrons - de manière pas forcément partiale – la propre recension  des films de Godard que propose Guillaume Basquin. En quelques segments phrastiques et d'images tirées des œuvres du réalisateur, l'auteur précise le regard de celui qui est capable de donner au monde par l'image en mouvement une poésie particulière.

Tout pourrait sembler téléphoné pour qui ignore tout de JLG mais quelques mots suffisent afin de synthétiser l'essence de l'art du maître lémanique. Par exemple, Le Gai savoir est défini comme "un film sur le bleu du pull-over de Juliet Berto" mais considéré tout autant comme "praxis révolutionnaire". Ce qu'il fut et qu'il reste.
 


Basquin porte attention à des oeuvres très connues ou beaucoup moins : de "Pierrot le fou" aux mini-métrages "tracts", de "Que faire?" à "Je vous salue Marie", de "Week-end" à "Passion". Cela pourrait sembler réducteur mais tout y est. L'auteur rappelle la puissance du "filmique" de JLG.. et que se scénarisant devant le corps nu de Myriem Roussel il crée le "film le plus érotique" de l'histoire du cinéma au moment où le réalisateur propose une révision de l'histoire de l'art.

De saturations en sursaturations, d'inserts en paysages purs le Livre d'images de Godard – ponctué de références picturales et politiques – prouve que le créateur demeure un fantastique poète "peintre" engagé. Mais au-delà même du simple champ idéologique car c'est la nature du cinéma  et son langage qui sont remis en jeu.

Dominant les évolutions techniques, Godard les a utilisées comme plasticien afin de  contester son art lui-même. Après sa période maoïste et de la Villeneuve à Grenoble il restera attaché aux techniques pour les détourner entre beauté classique ou "trash". L'acte de représenter implique donc  toujours une poésie qui alterne avec une violence contre la représentation. C'est ce que Basquin rappelle dans un texte aussi intime par le ton que général dans le propos.


Jean-Paul Gavard-Perret


Collectif, Les Cahiers de Tinbad, n°11, Editions Tinbad, Printemps 2021

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