Dominique Preschez : figurations et défigurations

Jouant du grotesque, du macabre, du monstrueux et du sinistre Dominique Preschez dans ce livre posthume s'en sert   afin de créer une beauté dysmorphique. Et même si le livre traite – aussi – de l'écriture, celle-ci n'est pas objet pour elle-même même si elle s'inscrit dans le mode de représentation qui lui est propre.
Bref, la fiction n'adhère pas au point de disparaître en elle-même. La réflexion inhérente à la fiction, est précisément le mouvement par lequel elle s'arrache à la fascination du contenu. C'est pourquoi un tel ensemble comprend un flottement entre la naïveté inhérente à la création et la réflexion dans un mouvement fondamental et nécessaire, là où la littérature témoigne à sa façon du plus abstrait des arts (Schopenhauer) qui accompagna Preschez : la musique.

Ici c'est celle de bien des silences au sein de rituels barbares ou non. Tout ne cesse de s'y manifester en mouvements où se donnent en partage des révélations de merveilleux mystères et d'austères "vérités" en des couleurs étranges où les héros même bafoués garde leur dignité jusqu'au plus beau et dernier des textes assemblés.

L'horreur de l'impensé est donc réduite à néant. Existe chez Preschez une volonté de tout représenter, de tout porter à la clarté au moment où l'impensé n'est pas considéré comme négatif et insondable mais devient ce qui doit jaillir dans le transit de l'écriture.


Jean-Paul Gavard-Perret

Dominique Preschez, Leçons de ténèbres, Tinbad, septembre 2021, 184 p.-, 19 €

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