Tom de Pékin : étoiles des neiges

Tom de Pékin graphiste, dessinateur, réalisateur et photographe, contrairement à ce que son nom indique est savoyard. Pour preuve ses rêves se passent souvent dans un chalet de montagne avec peau d’ours et odeur de fondue savoyarde. Mais si Tom se nomme de Pékin ce n’est pas par hasard. Il y a vécu et son art y prit son envol les sept dernières années de l’ancien millénaire avec Guillaume Dégé afin de créer une maison d’édition à Pékin en utilisant des techniques traditionnelles d’édition.

La Chine s’ouvrait à l’époque au capitalisme et l’artiste s’amusait à remplacer les affiches de propagande par des affiches Nike et Adidas avant de rentrer en France pour reprendre les images de propagande communiste en substituant les armes par des sexes. Mais en Chine il pratiqua surtout un art communautaire plus que strictement gay afin de créer un travail militant en faveurs des groupes discriminés (lesbiens, homo, trans, etc.).

Ce coffret donne un bel ensemble des dessins de l’artiste. Entre autres d’images et de graphismes de phrases du Haldernablou, le premier texte homosexuel et érotique du jeune Alfred Jarry où une ambiguïté religieuse est en prise à une sexualité naissante et où l’apocalypse s’incarne en un immense phallus destructeur.

Chez Tom de Pékin le rapport texte et image devient une sorte de jeu érotique. Qui mêlent autant des scènes de sexe que de sports de combats singuliers »Ses dessins font parfois penser à ceux des albums de coloriage mais avec un rapport étroit la nudité même si les cagoules font partie des présences rémanentes dans ses œuvres. Ils permettent d’effacer le psychologisme inhérent au visage pour porter l’attention sur la narration des corps en action.
Le but recherché par l’artiste est de cesser de laisser croire en la vérité des mensonges programmés au moyen de ses dessins X. La célébration plastique donne le jour à un rituel poétique totalement décalé. Ton de Pékin ne cesse de prendre à revers la représentation du monde (que le dessin décale) et la perception du spectateur.
Partant de la problématique de Marie-José Mondzain sur la "conscience imageante", l’artiste montre comment se construit à notre propre insu la lecture du réel.

Réintroduisant l’humour dans l’art, Tom de Pékin et des neiges cherche à faire surgir l’absurde selon des procédures souvent plus subtiles qu’il n’y paraît.
Adepte du dessin et de l’interrogation sur le sens des images, il surprend par ses stratégies plastiques toutes en courants alternatifs.

Jean-Paul Gavrd-Perret

Tom de Pékin, Coffret, Littérature mineure, Rouen, 2017, 20 euros.

 

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