Le bal des illusions : Trisha Groves
La danse de salon dans l’Angleterre thatchérienne a permis à
Trisha Groves de réaliser sa plus belle série. Le monde devient une fête
délétère et kitsch : la
photographe découvre un moyen de jouer avec les couleurs plus qu’avec les
êtres. Exit le faste du bal du « Guépard » de Visconti. Néanmoins les
couples gardent une certaine allure. Tina Groves en multiplie les postures mais
« off-cènes ».
L’objectif n’est pas de rincer l’oeil mais de montrer les situations où des personnages vaquent en attendant l’intercession du bal des illusions. L’artiste en saisit non le mouvement mais la procrastination de l'incertitude en ce que Quignard nommerait sans doute la " coagitation ".
Preuve que même assis tout danseur ne fait que tourner sur lui-même et ne possède aucun autre espoir que le rêve.. Sa jouissance n'est même plus évènementielle, référentielle, ou (encore moins) avènementielle : du moins dans la manière que Trisha Groves distribue les temps faibles et en élucide les matières.
Jean-Paul Gavard-Perret
Trisha Groves, « Flash Back », éditions le Nouvel Opera, 45 E, 2017.
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