"Black Science – Tome 2"

La fin du premier tome de Black Science nous avait laissés haletants. Ce deuxième tome était de fait très attendu. D'où le plaisir de constater qu'il ne déçoit pas même si Rick Remender choisit de ralentir un peu le rythme de l'intrigue pour plusieurs raisons.


La première raison est liée à l'histoire elle-même : après le décès de Grant McKay dans le tome un, ses deux enfants quittent les survivants de son équipe de chercheurs. Cela implique donc que l'intrigue avance moins vite que dans le premier tome, puisque Remender doit passer d'un groupe à l'autre. Pourtant le lecteur n'y perd pas vraiment au change. L'histoire n'en est visiblement qu'à son commencement, et il faut encore présenter certains personnages qui n'avaient été que rapidement brossés dans le tome un.


L'autre raison de ce petit ralentissement, c'est que Remender doit s'assurer que le lecteur puisse l'intrigue correctement. Et les choses se compliquent : dans Black Science l'univers est composé d'une myriade de dimensions, autant de reflets de notre monde, mais avec parfois d'infimes variations. Grant McKay était mort dans le tome un, d'accord, mais il n'y a pas qu'un seul Grant McKey dans Black Science. Tout le talent de Remender est ici de jongler avec d'autres versions que celle des personnages d'origine. Et si l'histoire avançait trop vite, le lecteur pourrait bien perdre le fil.


Du coup, Remender prend aussi le temps de détailler un peu plus certains personnages. Et là, dans ce tome deux, tout le monde n'est clairement pas logé à la même enseigne. Les enfants de McKay, Nate et Rebecca, se retrouvent livrés à eux-même, dans une dimension totalement inconnue et hostile (d'où des scènes orientée "survie"). Sans compter qu'ils devront gérer le deuil de la disparition de leur père et, pour Rebecca, son inimitié pour la maîtresse de ce dernier (toujours de l'aventure). Idem pour Kadir, le directeur du groupe de recherche, qui se découvre lui-aussi de nouvelles motivations : il a juré à McKay de sauver ses enfants. Son évolution est certes peut-être un peu tirée par les cheveux (il y a une poignée d'épisodes, il était quand même le parfait "salaud de service") mais cela fait bien rebondir le récit. On a le sentiment qu'en fin de compte dans Black Science, tout peut arriver, à la fois en terme d'univers biscornus, mais aussi qu'aucun personnage n'est à l'abri (que ce soit en bien ou en mal, d'ailleurs).


Graphiquement, ce tome deux confirme aussi tout le bien que je pensais des illustrations. Vraiment, Matteo Scalera est une valeur ajoutée. Son style colle bien à l'ambiance du récit, et on a l'impression qu'il peut dessiner n'importe quelle civilisation délirante sortie de l'esprit de Rick Remender. Il parvient aussi à représenter parfois plusieurs versions du même personnage sans qu'on puisse les confondre. On voit mal maintenant comment la série pourrait se poursuivre sans lui, tant il imprime son style sur le titre.


Parfaitement mise en scène et bénéficiant d'un scénario de qualité, ce tome 2 démontre que Black Science est une œuvre de science-fiction à découvrir sans tarder. Le tome 3 devrait, je l'espère, confirmer son statut de classique en devenir.



Stéphane Le Troëdec




Rick Remender (scénario), Matteo Scalera (dessins)

Black Science – tome 2 : La Boîte de Pandore

Cet album compile les épisodes 7 à 11 de la série Black Science publiée aux USA par Image Comics.

Édité en France par Urban Comics (7 mai 2015)

Collection Urban Indies

160 pages

15,00 euros

ISBN : 9782365775922

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