Trees, tome 1 – En pleine ombre

Le futur. D'immenses colonnes noires d'origines extra-terrestres, surnommées « Arbres » se sont plantées en divers endroits du globe.

Dix ans plus tard, il ne s'est rien passé. Si l'humanité s'attendait à une invasion, elle n'a jamais vraiment eu lieu. Rien n'a réellement changé : les Arbres restent immobiles et muets. Sont-ils vivants ? Ont-ils conscience de notre existence ? Et dans ce cas, pourquoi n'interagissent-ils pas avec nous ? Mystère. Au pied de chaque Arbre, les habitants se sont adaptés et habitués à leurs nouveaux voisins…


L'idée d'une invasion extra-terrestre d'origine végétale n'est pas nouvelle : dans L'Invasion des profanateurs (1955) Jack Finney imaginait déjà une invasion de spores venues de l'espace, adaptée deux fois au cinéma avec L'Invasion des profanateurs de sépultures (Don Siegel, 1956) et Body Snatchers (Abel Ferrara, 1993). Depuis H.G. Wells, l'invasion a toujours été un processus rapide et violent. Warren Ellis propose ici l'inverse : une invasion lente, si lente que l'humanité ne pourrait bien ne même pas s'en rendre compte !


Warren Ellis choisit de nous montrer la vie au pied de quelques Arbres. Dans la plupart des cas, les habitants qui avaient les moyens de quitter les zones touchées sont partis. En Sicile, un parti nationaliste a profité de la confusion pour prendre le contrôle de l'île. En Somalie, l'Arbre pourraient bien raviver les conflits entre le pays et ses voisins. En Chine, des marginaux et des artistes bohèmes profitent de la liberté octroyée à ceux qui acceptent de vivre à l'ombre de l'Arbre. En Norvège, une équipe de scientifiques essaient de percer les secrets de ces étranges obélisques. Et chaque environnement a son ambiance précise et particulière : au Pole Nord, on retrouve une ambiance à la « The Thing », par exemple. À noter la très belle histoire d'amour entre un jeune chinois et un transexuel, chose encore rare dans la bande-dessinée américaine…


Ne vous attendez donc pas à un comic book bourré d'action où l'humanité affronte des extra-terrestres végétaux. Non, Warren Ellis prend son temps pour poser les décors et les enjeux. Comme l'invasion qu'il décrit, le scénario avance doucement. Tant mieux, car on prend le temps de bien découvrir chacune de ces zones. Et finalement, le moteur de l'histoire est bien moins ces énormes plantes, que les étranges personnages qu'Ellis nous présentent ici.


Jason Howard avoue qu'il a énormément travaillé son dessin depuis ses précédentes séries comme « Super Dinosaur » et « Scatterlands », déjà avec Warren Ellis. L'artiste expérimente beaucoup aussi. Son encrage donne un côté assez brut, qui m'a beaucoup plu : on voit les coups de crayon, on « ressent » la présence de l'artiste à chaque dessins. Les décors sont magnifiques, et les couleurs, splendides, toujours de Jason Howard, permettent de bien différencier les différents environnements.


L'année 2015 est particulièrement riche en comics de science-fiction et Trees vient s'ajouter à la liste des très bons titres à acquérir d'urgence : ce premier tome est passionnant et réussi de bout en bout. Non seulement l'intrigue de Warren Ellis est réussie, prenante et originale, mais les dessins de Jason Howard ont du caractère et un charme fou. Et il y a ce petit quelque chose en plus qu'on attend pas vraiment dans un titre SF : de l'émotion.



Stéphane Le Troëdec




Warren Ellis (scénario), Jason Howard (dessins)

Trees, tome 1 – En pleine ombre

Édité en France par Urban Comics (16 octobre 2015)

Collection Urban Indies

192 pages couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

10,00 euros (prix de lancement)

EAN : 9782365776158

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