Après avoir écrit un livre sur  Mylène Farmer il y a une dizaine d'années, Véronique Bergen récidive avec l'universitaire belge Nausicaa Dewez. Il s'agit d'une biographie de la chanteuse et surtout une introduction à son univers où se mêlent mythes, contes revisités, motifs récurrents et personnages-doubles créés par l'artiste.
Véronique Bergen a pris une certaine distance avec son égérie depuis sa fascination de jeunesse.  Mais le charme (au sens premier) d'une telle égérie demeure. Celle-ci conserve son statut de femme fatale et objet intouchable du désir. Elle paraît intouchable mais débride tout un imaginaire et crée de véritables transports amoureux.
Véronique Bergen n'est d'ailleurs pas la seule philosophe touchée par le virus farmérien (cf. Michel Onfray). Les deux auteures le partage partiellement mais explore surtout les fantasmes et enchantements de l'égérie. La grâce de l'écriture rend ce livre passionnant. S'y retrouve la "patte" bergennienne, sa façon de transformer les personnes réelles en personnages de fiction. 
La philosophe délivre ses obsessions à travers ces évocations à la manière d'un poète. Et à côté d'aspect informatif le texte est chatoyant et brillant dans ses incandescences. L'ensemble est parfois grave et les auteures assument une part belle aux confidences intimes  qui bercent une telle traversée..

Jean-Paul Gavard-Perret

Véronique Bergen et Nausicaa Dewez, Mylène Farmer, ailleurs et ecchymoses, Le Murmure éditions, octobre 2022, 286 p.-, 20€