Vincent Almendros : la vie est ailleurs

J'avais été, jusque-là, un homme sans histoire. Peut-être parce que j'étais né dans un village isolé, au milieu de rien, annonce d'emblée le narrateur de ce thriller rural. Il revient avec sa ou une compagne, pour Saint-Fourneau, le village le plus proche du hameau où il a grandi et où il n'est pas retourné depuis longtemps.

Il vient pour le mariage de Lucie, sa cousine. Mais c'est surtout pour revoir son oncle, gravement malade qu'il se déplace. Il n'a pas envie de revoir sa cousine, pas plus que sa mère. Mais ce retour l'oblige à replonger dans le passé et une enfance recluse dans la pauvreté paysanne, la mort suspecte de son père, l'eau de javel que sa mère lui a fait avaler, etc.

Mais le propos du récit est ailleurs. L'événement qui préoccupe le narrateur va mettre un point final à ces vieilles histoires et leur violence souterraine. En conséquence tout ne peut s'achever que dans le drame. Il est souligné en un suspense et un humour désespéré

Dans ce lieu tout se délite. Il n'y a plus que la famille. L'épicier ne vient plus avec son camion, le camping du lac va fermer. La désolation règne. Elle croupit – entre autres – dans les baignoires en zinc abandonnées près des rares maisons. Et Almendros soigne les détails pour exprimer cette campagne exsangue et perdue qui déteint sur les vies, là où se mêle polar, peinture sociale, exploration des âmes humaines.

Elles sont engluées dans le mensonge et le silence. Pour revenir dans cette rucher le narrateur est accompagné d'une complice aux mobiles aussi enfouis que les siens. Elle se fait passer pour une autre. Ce qui est parfait car la clarté n’est pas le but du voyage. Et le couple de circonstance tombe sur le reste de cette famille au moment où le mariage  en préparation illusionne sur ce qui pourrait arriver de bien mais qui ne sera plus de saisons.


Jean-Paul Gavard-Perret

Vincent Almendros, Faire Mouche, Minuit, septembre 2021, 128 p., 6,60 €

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