Anne Perrin et le vertige littéraire

Le vertige littéraire c'est tenter de fuir la narration classique à travers des fragments d’histoires et d’images sourdes afin que surgisse un corpus sonore au besoin crapoteux  lorsque le capiteux n'est plus possible.

L'objectif du livre d'Anne Perrin est d'aller vers l'ouverture d'une signification plus déconcertante Sans forcément croire inventer du neuf pour autant ni contredire le fait de pas être celle celui qui la hante. Tu la baises  répond donc à cette attente au moment où l'entente de deux êtres est elle-même remise en question.

Le vertige de l'amour devient pour l'auteure l'action de continuer tant que faire se peut en sarabandes (au mieux), en foirades (au pire). C'est un parcours entre le stable et l'instable pour toucher à ce silence là où l'inconscient ne cesse de vociférer.

C'est lui qui – forcément sans qu'elle le sache – prend de court la narratrice. Elle croît attraper l'amour bien qu'elle sache confusément que c'est là une farce suprême.
Mais il lui faut dériver sans cesse là où l'écriture commence en se défaisant dans les moments d'épuisement du sens à défaut ses sens qui la somme de continuer jusqu'à plus soif un exercice plus de contrainte que de plaisir.

Dès lors par la cruauté et la crudité du sexe se distille un innommable en lieu et place d'un immanquable. Il permet de comprendre qu'un sentiment de nécessité ne peut pas ne pas être suivi d'un sentiment d'absurdité chez celle qui ose de tels aveux. Et qui peuvent rebondir sur des expériences communes.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Anne Perrin, Tu la baises, Z4 Editions, coll. Bleu Turquin, octobre 2019, 148 p.-, 14 euros

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