United States of Love, le navet polonais

Voilà que le 7e art singe l’art contemporain, plus communément siglé AC, notamment par Christine Sourgins, ce ramassis de tout mais surtout de rien sous couvert de concept, d’interpellation, de sur-dimension alors qu’en réalité c’est une supercherie (la dernière trouvaille du crétin qui couve ses œufs au Palais de Tokyo ne me démentira pas).

Ainsi le film de Tomasz Wasilewski, United States of Love relève-t-il du même affront. Sauf qu’il se drape désormais dans le luxe d’un prix prestigieux : encore une distinction à visée politique par des Occidentaux totalement ineptes à commenter ce que fut le joug soviétique ? Une manière de palier à la pleutrerie face aux révoltes populaires que lOTAN regarda sans broncher ? Toujours est-il que les jurés berlinois lui décernèrent l’Ours d’argent du meilleur scénario obtenu à Berlin, en 2016.
Et c’est là tout le sel de l’histoire : car de scénario, point il n’y en a !

 

Ce film ressemble à s’y méprendre à un travail de fin d’études aux Beaux-arts rendu par un adolescent, pardon un jeune-adulte, encore boutonneux et certainement puceau, pardon vierge, tant l’obstination – l’obsession ? – qu’il apporte à filmer à hauteur d’appareil, pardon d’entre-jambes, est flagrante. D’où ce malaise : on a l’impression, non pas de voir un film, mais d’être un voyeur. L’approche est d’une telle perversité qu’elle finit par dégoûter après le premier sourire esquissé lors des premières secondes…

Je ne joue pas l’effarouché mais une scène érotique doit avoir sa signification, intégrer l’histoire, démontrer par l’acte ce que les mots ne disent plus ; or ces interventions inopinées ne servent pas le propos du film, au contraire.

 

Alors de quoi parle ce scénario si brillant qu’il en fut récompensé ?

Au lendemain de l’effondrement du rideau de fer, dans la fin des années 1980, en Pologne, quatre destins de femmes se croisent. Une mère au foyer, mariée depuis quinze ans et qui s’ennuie en louant des K7 vidéos piratées, jette alors son dévolu sur le curé de la paroisse allant jusqu’à l’espionner pour le voir nu dans les douches (sic). Une directrice d’école au brushing parfait des années 1950 est la maîtresse d’un médecin hospitalier qui la quitte le jour de l’enterrement de sa femme pour s’occuper de sa fille ; ne le supportant pas elle intrigue jusqu’à provoquer la mort de cette dernière. La sœur de la directrice d’école, professeur de danse qui se lamente de ne plus voir son cher et tendre parti depuis trois ans travailler en Allemagne et qui ne rentre pas (on se demande bien pourquoi) devient la cible, pardon le grand amour d’une professeure de littérature proche de la retraite, lesbienne pardon gay, qui la harcèle. Laquelle est plus attirée par une séance photos qui tourne au fiasco : elle se saoule, s’endort sur les toilettes, le photographe en profite pour la dévêtir et se masturber sur son corps ; mais heureusement sa voisine la professeur vient nettoyer son corps avec un linge humide avant d’aller

se mettre toute nue sur le canapé dans des poses à la Lucian Freud…

La starlette se réveille, et vomit devant nous. Fin du film.
Nul doute que les jurés de Berlin ont dû trouver cela très exotique, ces femmes polonaises qui s’émancipent sous leurs yeux : mais que savaient-ils exactement du martyr polonais durant l’ère soviétique ? Rien, probablement.

 

Quelques rares plans valent le coup d’œil – ce qui ne fait pas un film – dans ces couleurs délavées qui offrent un plaisir visuel en ces temps de saturations maximales. On flotte dans un espace indéfini, ce qui était la Pologne de l’époque qui découvrait le Fanta orange et les Jean’s, mais l’atmosphère du film qui se voudrait sulfureuse en abordant l’intime, ces désirs refoulés sous le joug communiste que l’on ose enfin sortir de soi, devient glauque par manque de spiritualité, de hauteur…  et d’histoire, tout simplement.
Ces quatre personnages ne sont pas liés par la narration, ni dans le script ni dans le montage du film.
Un coup d’œil entre l’une et l’autre à l’enterrement ne suffit pas à ce que la mayonnaise prenne, le sentiment de voyeurisme perdure par manque de rythme.
La narration imagée est tout un art que Wasilewski ne possède pas !

 

La mode de la classe biberon dans le cinéma est certainement très vendeuse (voir le dernier Festival de Cannes) mais rien ne remplace l’expérience. Tomasz Wasilewski comme Xavier Dolan n’ont pas vécu assez longtemps pour pouvoir sentir l’entière complexité de la nature humaine et nous livrent des films primaires, caricaturaux, vulgaires sans la moindre profondeur ni réflexion. Le cinéma ce n’est pas que montrer, et ici de poser sa caméra à hauteur de fesses ; combien de plans inutiles où le spectateur aura droit en plan américain à des cuisses, fesses, seins, sexes féminins ou masculins ? Trop !


On vous conseille donc d’oublier ce navet (l’affiche est certainement ce  qu’il y a de plus réussi !), et à Wasilewski d’être moins suffisant (son comportement puéril lors de l’avant-première est assez significatif ; sans parler de la réaction négative dune bonne partie de la salle, essentiellement composée... de Polonais) et d’envisager une thérapie pour régler ses problèmes de libido.

 

François Xavier

 

United States of Love (Zjednoczone stany miłości), de Tomasz Wasilewski, Scénario : Tomasz Wasilewski, Pologne, 2016, durée : 1h44.

Sortie : 05/04/2017

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