The Gentlemen’s Clubs of London


Clubland ! Mystérieuse contrée aux tribus mal connues, aux rituels souvent incompris même des anthropologues ! Grâce à Anthony Lejeune, nous disposons d’un guide sûr dans le dédale des clubs londoniens, ces modèles absolus, qui ont pour nom Athenaeum ou White’s.

 

Ce magnifique album enrichi de 360 clichés nous fait pénétrer par la grande porte dans une trentaine de cercles, des plus prestigieux aux plus discrets, des solennels temples victoriens de Pall Mall et du « dear St James » aux cénacles intimes, tout aussi courus. L’un après l’autre, chaque club est présenté avec les traits saillants de son histoire, qui se confond très souvent avec celle de l’Empire, ses anecdotes et ses grands noms.

 

Depuis plus de trois siècles en effet, les élites artistiques, religieuses, politiques et sociales se réunissent à Londres au sein de bulles temporelles régies par des règles d’une parfaite stabilité pour se retrouver entre pairs, parler et rire en toute liberté, partager de bons moments, loin des pesanteurs extérieures, juste pour le plaisir – sans prix – d’être soi-même et de créer avec le temps ce tissu de connivences et de souvenirs qui sont le sel de l’existence. Anachroniques, les clubs ? À Londres comme ailleurs, ils connaissent une étonnante renaissance après le creux des seventies, à tel point que dans certains, la liste d’attente, aujourd’hui, est de huit ans. Au fil des pages apparaissent les capitaines d’industrie et les hommes politiques, les dandies et les officiers du Secret Service, les artistes et les membres du clergé, figures archétypales de Merry Old England, pourtant bien incarnées jusqu’à nos jours.

 

Ce petit monde a ses règles, généralement tacites (comme le « we are as we are », d’une réelle profondeur), ses ragots, ses casse-pieds et ses fantômes – une pensée pour tous ces jeunes gens tombés dans les Flandres. Ces sodalités où s’incarne la civilisation constituent bien d’apaisants refuges contre la vulgarité. Grâce à Antony Lejeune, nous y croisons d’amusantes figures, comme ce Lord Glasgow qui, ayant abusé du porto, défenestre l’un des garçons avant de s’exclamer : « Put him on the bill !»


Christopher Gérard


Antony Lejeune, The Gentlemen’s Clubs of London, Stacey International, Londres, avril 2012, 295 pages, 52 €

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