Georgui Ivanov, Aurora et autres nouvelles

Elève à l’Ecole impériale des Cadets à la fin du règne de Nicolas II, Georgui Ivanov (1894-1958) publia ses premiers recueils de poèmes, immédiatement remarqués, à la veille de la Révolution. Ami du poète  acméiste Goumiliev (fusillé par les Rouges en 1921) et de son épouse Anna Akhmatova, célébrissime poétesse (l’une des rares à survivre sans avoir émigré), Ivanov fuit l’URSS en 1922 pour Berlin puis Paris, où il joue un rôle de premier plan dans l’émigration russe. 


Sa fin misérable d’émigré indigent illustre le destin de toute une génération d’écrivains minés par l’exil. Ivanov a laissé des nouvelles qui, sans égaler celles de son confrère Nabokov, livrent un précieux témoignage sur la vie artistique et mondaine du Pétersbourg des années 1915-1920, ainsi que sur le monde des émigrés russes (« Montparnasse, cruelle famine »). Saisissants sont ses portraits d’écrivains affamés, de parvenus du marché noir, de femmes du demi-monde et de tchékistes lettrés : tout un univers aussi étrange qu’inquiétant, celui d’une époque rouge sang. Deux des nouvelles de ce recueil relèvent d’un genre fantastique, notamment celle qui évoque une main de momie égyptienne, utilisée dans un rituel digne de Raspoutine. Une œuvre poignante, fort éclairante sur une Russie qui bascule, et qui à ce titre fait songer aux souvenirs de Zinaïda Hippius.

 

Christopher Gérard

 

Georgui Ivanov, Aurora et autres nouvelles, L’Age d’Homme, 212 pages, 12€

 

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