Ego imago : Robert de Montesquiou en dandy et modèle littéraire

Un homme-comète traversa le Tout-Paris, entre 1890 et 1914, le comte Robert de Montesquiou-Fezensac, un drôle de personnage, à la fois dandy, esthète et se disant aussi homme de lettres. Il donnait des réceptions, s’improvisait conférencier et devint très vite sujet de conversation… voire d’inspiration pour Huysmans (Des Esseintes), Lorrain (Muzarett), Gide (Passavant) et même Proust (Charlus).

Pour tenter de cerner le trouble-fête, rien ne vaut de nous plonger dans ses mémoires (Les Pas effacés) ou cet album photographique qui n’est pas l’illustration desdites mais plutôt un récit parallèle construit sur des règles autonomes et qui revisitent les possibles. D’où l’importance des photographies pour se faire une idée de l’image que le mémorialiste souhaitait laisser de lui-même aux différents âges de sa vie, du contexte familial de son enfance ou des détails de sa vie mondaine qui furent parfois cocasses.
D’ailleurs, à la parution posthume de ses Mémoires, les cercles littéraires frissonnèrent, redoutant les saillies de cet agitateur à la griffe d’acier, selon les termes de l’académicien Henri Lavedan.
 

Les images qui accompagnent cet ouvrage-ci sont de nature fort diverse, miroirs brisés d’une époque finissante qui tarde à entrer de plein pied dans la modernité, refusant l’inéluctable basculement vers le monde industriel et libéral.
Ni album de famille ni album égocentrique, cet Ego imago est un électron libre dans le monde dans cette époque qui découvre la photographie. Nonobstant la pointe de narcissisme et de marginalité inhérente à cette catégorie sociale, Robert de Montesquiou crée avec des images ce que d’autres feront avec des mots, laissant l’empreinte du tourbillon de son passage en ce bas-monde.

Nos heures déposent aux demeures une lie ou une cristallisation de souvenirs qui y adhèrent et y attachent. Il faudra donc aussi tenir compte des particules de son moi qu’un passage même rapide déperd irrémédiablement dans les hôtelleries.

François Xavier

Robert de Montesquiou, Ego imago, présentation de Philippe Thiébaut, 220x240, nombreuses illustrations, couverture rigide, La Bibliothèque des Arts, octobre 2017, 130 p. –, 49 €

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