George Eliot femme au bord de la crise de nerfs
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Henry James, Marcel Proust, Virginia Woolf, D. H. Lawrence, James Joyce lui-même ont souligné l'importance d'une œuvre qui reste une expérience frappante et magnifique mais que les lecteurs francophones boudent. Beaucoup estiment la romancière étroitement victorienne.
De fait le génie de l'auteure est bien plus littéraire que moraliste. La Pléiade permet de redécouvrir celle dont Middlemarch (qui pour Woollf est le premier roman moderne) demeure en tête des romans les plus importants des deux derniers siècles pour les Anglais. Ils placent la créatrice au même niveau que Dickens.
Femme remarquablement savante George Eliot (comme Sand l'autre George) a autant chéri la nature qu'elle a connu et suivi les débats théologiques, scientifiques, philosophiques, éthiques de son temps. Ce sont eux qui nourrissent ses fictions. Toutefois leur valeur tient moins à l'érudition qu'à la force d'une expression littéraire. Elle fait d'elle une créatrice qui dépasse le temps. Figure essentielle de la vie intellectuelle du Londres victorien et de ses creusets littéraires elle reste une référence qu'il convient à beaucoup de découvrir.
Jean-Paul Gavard-Perret
George Eliot, Middlemarch précédé de Le Moulin sur la Floss, traduit de l'anglais par Alain Jumeau et Sylvère Monod, édition d'Alain Jumeau, préface de Nancy Henry et George Levine ; avec deux essais de Mona Ozouf, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2022, 1680 p.-, 66€
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