Du Bouchet l'essentialiste

André du Bouchet épure le moindre. S’éloigne de la prose. Il entend plus le silence que le croassement du corbeau. C’est là toute la profondeur de  sa quête. Le second temps (corbeau) renvoie au premier (silence).
Il s’agit moins d’émerger du français que de la matière à dire afin de pousser à l’extrémité le temps de la réflexion. Il préfère par exemple référer au passé le futur antérieur : à il s'est pendu passe à il se sera pendu. L’enfant sauvage est père à venir de tout.
Dans ses textes sa limite est un trait. C’est aussi une barre. Pour prendre au jour le mot. Il s’absente en sa marche dans le quelconque et le temps de débâcle en débâcle qui à sa façon ne sert les dictionnaires.
Le vent, le froid, le vide, la chaleur : quoi de plus compact sinon la durée qui elle-même a ses limites ? Alors, Mots puisque vous êtes parlez. Bruit. Ecoute. Sauvagerie. Prendre la lassitude au lasso. Il n’y a pas de but mais un cheminement. Une ouverture.

Jean-Paul Gavard-Perret

André du Bouchet, Enclume de fraîcheur, La Dogana, Genève, mars 2024, 40 p.-, 40€

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