Nanarland, le livre des mauvais films sympathiques - épisode 1
Comment définir un nanar ?
Le réalisateur Frank Hennenlotter
répond à cette question, page 245, en évoquant Devil Story, un film
d'horreur français tourné, pour la petite histoire, en Normandie. Je le
cite : « Il n'y a pas de mauvais films. Ou alors, ce sont les navets
sortis d'Hollywood. Ces films médiocres et insipides, qu'on a déjà vus
des tonnes de fois. S'il y a une chose à dire sur Devil Story, c'est que
bon ou mauvais, on a jamais vu ça avant ! Il est unique ! Rien ne se
passe comme dans les autres films ! C'est pour ça que je ne dirais pas
qu'il est mauvais, ni qu'il est bon, bien sûr… Je dirais "Putain, mais
c'est quoi ce truc ?!" »
Dis-moi quel nanar tu aimes, et
je te dirais quel cinéphile tu es ! Sauf que personne ne s'était jamais
réellement penché sur la question, à savoir décortiquer certains « chefs
d'œuvre » du genre. La sympathique équipe de spécialistes du site
Nanarland s'est donc attelée à compiler cinquante films aussi mauvais
les uns que les autres, mais pour des raisons très variées et le plus
souvent très drôles. Le tout avec un ton très humoristique, qui n'hésite
pas en rajouter un peu.
Ainsi, François Cau et ses amis
décortiquent joyeusement des titres comme Samurai Cop, Le Justicier
contre la Reine des crocodiles, Ninja Terminator, Super Nichons contre
Mafia, The Amazing Bulk (il n'y a pas de coquille dans le nom) ou Le Lac
des morts-vivants. Un échantillon très large de naufrages
cinématographiques, que François Cau organise en rubriques très
pertinentes.
On démarre ainsi par les joyaux du nanar, un
top 10 des meilleurs mauvais films, histoire de se mettre en jambe.
Puis, on découvre les films qui capitalisent sur des succès existants
(et trompent leur public dans la foulée), les films ratés de
super-héros, les films de monstres et d'horreur qui ne font pas peur,
l'indispensable rubrique des films érotiques racoleurs, et enfin les
films d'auteurs foirés.
Le tout est agrémenté de nombreuses citations,
souvent absurdes et nonsensiques, mais délicieusement drôles. Mes
préférées : « Ma patience a des limites, mais faut pas exagérer ! », « Le Requin-Tigre que nous recherchons est un maniaque ! » ou bien « Ce
n'était pas un homme : on aurait dit un félin qui volait ! ». Tout un
programme.
À travers ces chroniques réussies et
hilarantes, on devine une envie d'un cinéma autre, qui sort des
standards d'Hollywood et ailleurs. Un amour porté par un ton
humoristique, on l'a dit, mais aussi un sérieux à tout épreuve dans les
informations délivrées. Pour chaque film, on retrouve une fiche
technique, des citations, et des renseignements sur la carrière du ou
des auteurs.
Enfin, le label 619 d'Ankama a soigné la
présentation, avec un livre en forme de cassette vidéo et un étui qui
rappelle furieusement les vieilles jaquettes des vidéoclubs. Un vrai
petit bonheur, qui ravira les amateurs de pellicules hors-normes. La
couverture annonce « épisode 1 » ce qui laisse espérer un deuxième tome
particulièrement attendu ici.
Stéphane Le Troëdec
Nanarland, le livre des mauvais films sympathiques - épisode 1
Par François Cau et ses collaborateurs
Édité par Ankama (23 octobre 2015)
Collection Label 619
272 pages
19,90 euros
EAN : 9782359108415
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