BookExpo America 2013 : Chronique (3)


Paye ton ticket, touche ton auteur !


Sans auteur, pas de livre... et sans livre, pas de business... Il convient parfois de marteler les évidences... Certains ont trop souvent tendance à les oublier... Mais pas ici. Non, ici l'auteur - qui vend - est choyé. Il dispose même, avec ses semblables, d'un espace dédié à la signature de ses autographes...


Large d'une bonne centaine de mètres, découpé en petits box fermés par des rideaux d'un bleu électrique des plus seyants, auxquels la foule de ses fans - qui aura déjà dépensé plus de 100$ par tête de pipe pour passer les portes du Jacob Javits Center - pourra accéder - non sans se délester d'une petite obole supplémentaire de 1$ qui sera, elle, reversée à quelque fondation...


Cet espace, cette tranche velourée ( oui, j'invente des mots lorsqu'ils me semblent manquer.) lui est dédiée une heure maximum si et seulement si son éditeur adoré, qui ne jure que par son beau nom d'auteur-à-succès, a, pour qu'il en jouisse heureusement, déboursé 1500$... Il faut donner de la valeur à ce qu'on fait... Tel est en substance le leitmotiv redondant qui se rabâche en sourdine dans les allées molletonnées de la BEA... et bien fou celui qui s'en dédirait... 


Mais foin de succès sans lecteur me direz-vous... et vous aurez raison... Qu'à cela ne tienne... Le samedi, dernier jour de cette grande messe du (e)book business, on accueille avec fanfare et trompettes les amazing power readers, cette tranche haute du lectorat triée sur le volet et à laquelle, à l'instar des bloggers, on déroule un tapis rouge tissé d'offres de découvertes gratuites des nouveaux titres à paraître bientôt chez les éditeurs...


En file sage et patiente, aussi majoritairement féminine que dans la vieille Europe, la canopée des power readers attend qu'on lui remette ses livres, qu'on lui suggère d'aller écouter dontown stage, uptown stage ou midtown stage les auteurs invités vanter les mérites de leurs amazing productions à paraître... ( Je crois qu'il est possible que je décroche une tarte au prochain qui me beugle "amazing", dans l'hystérie non contenue de sa joie débordante...)

Heureux et fiers de cette reconnaissance qu'on leur accorde, ils déambuleront toute la journée dans la BEA, leurs amazing badges vert-eau dressés comme des étendards sur leurs poitrines gonflées d'orgueil...


Sur un marché où le prix unique du livre sonnerait, telle Pearl Harbor, comme la plus significative déclaration de guerre, tous les moyens sont bons pour faire connaître les productions éditoriales... Et la voix enthousiaste d'un power reader convaincu de l'amazing œuvre qu'il aura eu la chance de découvrir en avant-première, une offensive dont l'importance se mesure aux avantages et cajoleries enthousiastes que leurs prodiguent tous les éditeurs...


Franck-Olivier Laferrère


L'ensemble des chroniques BookExpo America 2013

> Pour en savoir plus, le site de la BEA

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