X-Men – Genèse mortelle

Remontons dans le temps : en septembre 1963, Stan Lee et Jack Kirby imaginent les premiers X-Men, composés des mutants Strange Girl, Cyclope, le Fauve, Iceberg et Angel, sous la direction du professeur Charles Xavier. Après 19 épisodes, Stan Lee passe la main à Roy Thomas. La série s’arrête en mars 1970, au numéro 66, après une poignée d’épisodes dessinés par l’excellent Neal Adams. Le magazine vivotera pendant quatre ans et demi, avec des rééditions des précédents épisodes.
Et puis en 1975, Len Wein et Dave Cockrum proposent Giant-Size X-Men : une toute nouvelle équipe, un nouveau ton, de nouveaux auteurs. Un vrai succès critique et public. Chris Claremont reprend le flambeau dans la série régulière Uncanny X-Men à partir du numéro 94 : il écrira le titre jusqu’en 1991 (soit plus de quinze ans, chose inimaginable de nos jour !). Uncanny X-Men deviendra l’un de plus gros succès de Marvel, engendrant un nombre incalculable de séries et produits dérivées.

 

Giant Size X-Men (surnommé Second Genesis) constitue donc un point essentiel dans l’histoire des X-Men. Une renaissance inattendue, serais-je tenté de dire. Résumons : après la disparition des premiers X-Men sur l’île de Krakoa, Charles Xavier recrute une nouvelle équipe de mutants, les « nouveaux X-Men », pour une mission de sauvetage très dangereuse.

 


Pourquoi ce petit résumé de Giant Size X-Men, me direz-vous ? Tout simplement parce que cette histoire est au cœur de cette Genèse mortelle. On apprend vite que les nouveaux X-Men ne furent pas la première équipe de mutants envoyés sur Krakoa. Il y en a eu une autre mission de sauvetage, elle aussi composée de mutants. Seulement, toute l’équipe a été décimée. Toute ? Non, justement, un de ces membres a survécu, et, devenu totalement fou, compte bien régler ses comptes…

 

Ed Brubaker plonge donc au plus profond des origines des X-Men pour en extraire un cas typique de retcon (pour continuité rétroactive). Un retcon, procédé fréquent dans les comic-books, c’est un peu une réécriture, on injecte dans les faits établis (ici, l’origine des nouveaux X-Men) de nouveaux éléments explicatifs (les nouveaux X-Men ne furent pas la première équipe de sauvetage).

 

Hélas, si l’idée pouvait sembler intéressante à première vue, jamais Ed Brubaker ne parvient à la développer de façon satisfaisante. Tout se passe comme si Brubaker se contentait d’avoir eu l’idée, sans la pousser plus loin. Par exemple, pourquoi passer tant de temps sur les X-Men modernes, alors qu’il aurait pu profiter du format « récit complet » pour s’attacher à ces mutants jusqu’alors inconnus. Bref, Ed Brubaker, si brillant sur ses Daredevil et ses Captain America (écrits aussi en 2006), se montre ici maladroit. Du coup, la bonne idée est vite gâchée. D’ailleurs, il faut croire que les X-Men ne lui réussissent pas, puisque son travail sur la série régulière (juste après Genèse mortelle), ne restera pas dans les annales. Enfin, histoire d’enfoncer le clou, était-il indispensable d’écorcher une fois encore l’intégrité du professeur X (après, au hasard, Onslaught) ?

 


Malgré ces réserves, Genèse mortelle mérite tout de même d’être lu. D’abord pour les dessins de Trevor Hairsine, agréables, mais surtout parce que c’est un point de passage très important dans la continuité de l’univers mutant. Et puis Ed Brubaker en a profité pour résoudre l’énigme du deuxième frère de Cyclope qui courrait depuis longtemps.
Décevant donc (on attendait bien mieux d’Ed Brubaker), mais historique.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Ed Brubaker (scénario), Trevor Hairsine (dessins)

X-Men – Genèse mortelle

Édité en France par Panini France (1 juin 2016)

Collection Marvel Dark

200 pages couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

22,00 euros

ISBN : 9782809455503
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