Arnaud Bordes : Pop Conspiration

Éditeur de textes rares, Arnaud Bordes est aussi l’auteur de quatre (trop) courts recueils de nouvelles aux titres ensorcelants comme Le Bazar de Clodagh ou Voir la Vierge,  où retentissent les échos d’écrivains décadents et d’érudits clandestins.

 

Son cinquième livre, Pop Conspiration, se révèle une sorte de roman dont la brièveté n’occultera pas la complexité. Un concert de voix en apparence discordantes, qui chantent les étés torrides d’Annemarie, Normande de Transylvanie, blonde aux yeux verts qui joue du couteau de tranchée comme d’autres de la plume d’oie - avec grâce. Une tueuse donc, entrée au service de Murcie. Murcie ? Mais voyons, les Ménestrels, ce couple de factions rivales, Murcie et Morvan, qui depuis des siècles, en fait des millénaires, se déchirent en luttes sanglantes pour l’empire du monde. Murcie, d’origine celtibère, regroupe les fils de la forêt, druides et porteurs de lanternes qui comptèrent en leurs rangs Louis XIV et le Général ; Morvan, venu d’Ionie, rassemble producteurs et affameurs, comme « ces salopards de Templiers », défaits par Philippe le Bel, qui lui était, bien sûr, de Murcie. Aux premiers le Moyen Age, la Vieille Europe ; aux seconds le Pacifique et les Amériques, l’Occident - si l’on en croit les références d’Arnaud Bordes, l’arrière-petit-neveu (masqué) de Grasset d’Orcet. Murcie et Morvan donc se taillent en pièces depuis toujours sous l’œil craintif des officines d’état, qui comptent les coups … et en prennent bien davantage qu’elles n’en portent : « il n’y a pas de faits divers, il n’y a que des manipulations » prétendent en effet ceux qui aperçoivent un court instant le dessous des cartes, les experts ès  « nébulosités métapolitiques », ceux qui savent que la réalité est à l’intérieur de la grotte de Platon. 


Roman crypté jusqu’au vertige, Pop Conspiration entraîne son lecteur au bord du précipice sur un air de Joy Division.

 

Christopher Gérard

 

Arnaud Bordes, Pop Conspiration, Editions Auda Isarn, 12€

1 commentaire

bien meme tres bien