Hubaut l'iconoclaste

Joël Hubaut transgresse tout édit de chasteté entre autres par le dessin et la couleur. Avec doigté, fausse pudeur et paillardise il fait se dilater de rire les sujets inépuisables que l’art généralement prend au sérieux comme ceux à l'inverse qu'il ignore.
Pour preuve, si dans l’œuvre l’amour n’est pas forcément en fuite il n’est pas le souci majeur. Manière peut-être d’éviter que le coït devienne chaos et qu’une fusion mystique apparaisse là où on ne l’attend pas.
En contemplant ce livre il est aisé de voir combien Hubaut accorder à l’art les derniers outrages en entretenant une obsession portée bien plus à l’humour qu’à l’amour.
Il n’a cesse d’ailleurs de les faire se télescoper, tout comme les êtres et les animaux, à travers ce qui trop souvent sert au mâle de pensée. La drôlerie de l’artiste suscite une irrésistible attirance voire une attraction irrépressible même si elle existe  sous état larvé hérité d’un théâtre de la cruauté mais monté et montré  ici sous une ferme douce.
L'artiste crée des distorsions capitales capables de faire piquer du nez à une idée sentencieuse de l'art par un nouvel imaginaire qui échappe aux catégories connues. Les codes y sont tournés en ridicule et leur cérébralité aussi.  Les formes giclent de manière apparemment irrationnelle pour prendre jusqu'à notre inconscient au dépourvu.

Jean-Paul Gavard-Perret

Joël Hubaut, Color me, Semiose éditions, 2021, 44 p.-, 13€

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