Les Archives de la Suicide Squad, tome 1

Les années 80. Amanda Waller met en place une équipe gouvernementale secrète, la Task Force X, composée de super-vilains. Ces derniers sont envoyés sur les missions les plus dangereuses, et la plupart du temps considérées comme des missions suicides (d’où le surnom du groupe, « Suicide Squad », ou « l’escadron suicide »). Les membres de la Task Force X suivent les ordres d'Amanda Waller, car elle a le pouvoir de faire exploser leur tête grâce à des mini-bombes implantées dans leurs nuques. Si les missions sont réussies, les membres de l'équipe obtiennent des remises de peine. S’ils échouent, les membres concernés servent de bouc émissaire pour le gouvernement…

 

Au milieu des années 80, DC Comics cherche un concept pour succéder à l’immense saga Crisis on Infinite Earths. Len Wein et John Byrne travaillent alors sur Legends (La Légende de Darkseid, chez Urban Comics). Un jeune scénariste travaille alors avec ces deux monstres sacrés : John Ostrander. C’est dans Legends qu’Ostrander fait apparaît sa version personnelle de la Suicide Squad, qui va rapidement obtenir une série attitrée.

 

John Ostrander propose donc une équipe carrément hors du commun. Rick Flagg, un ancien personnage DC tiré des Challengers de l’Inconnu, et en fin de camp seul personnage « bon » de la série, dirige un groupe composé soit de super-vilains soit de super-héros mineurs. L’équipe est placée sous la houlette d’Amanda Waller, pas forcément plus recommandable que les criminels qu’elle commande.

 

Avec cette composition particulière, qui fait tout le charme de la série, Ostrander puise son inspiration à la fois dans le film de Robert Aldrich, Les Douze Salopards, et dans une série TV à succès, Mission impossible. Le premier parce qu’Ostrander prend un malin plaisir à se jouer de la moralité des membres du Suicide Squad ; la seconde, parce que, la plupart du temps, les missions consistent à s’infiltrer dans des lieux réputés inaccessibles. John Ostrander aurait pu prendre des super-vilains très connus (certains font parfois un court caméo). Bien au contraire, on a l’impression qu’il choisit sciemment des seconds couteaux, certainement beaucoup plus faciles à exposer au danger : qui irait croire que le Joker peut mourir ?

 

Pour finir, un des éléments de cette série qui surprend à la lecture trente ans après, c’est le côté très politisé de l’histoire. Ronald Reagan intervient lui-même dans l’intrigue. L’équipe se déplace en Irak pour exfiltrer un président retenu par des terroristes d’une organisation appelée le Jihad. Ne parlons même pas de l’URSS, carrément présentée comme l’ennemie… Ce premier degré surprenait déjà les lecteurs à l’époque. On reste dans le registre du comics, mais un peu plus terre-à-terre.

 

Totalement inédits en français jusqu’à maintenant, ces épisodes ont certes un peu vieilli, dans la narration, dans le dessin ou dans la colorisation, années 80 oblige. Oui, mais voilà une série qui grâce à son concept percutant, se lit encore aujourd’hui très bien. Sans compter que c’est une série importante qui impacte encore certains personnages DC.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

John Ostrander (scénario), Luke McDonnell (dessin)

Les Archives de la Suicide Squad, tome 1

Édité en France par Urban Comics (19 août 2016)

Collection DC Nemesis

35,00 €

520 pages en couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

EAN : 9782365778534

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