The Wicked + The Divine, tome 1 – Faust départ

Comme tous les 90 ans, les dieux sont revenus sur Terre en se réincarnant dans des adolescents. Ils ont deux ans pour profiter d’une gloire éphémère avant de mourir. Et ils comptent bien en profiter : dans notre société capitaliste superficielle, ils vivent dans l’effervescence et attirent des milliers d’adolescents, comme des rock stars. Ces dieux existent-ils réellement ? Ou bien est-ce que ce n’est qu’un énorme canular ?
Laura est une adolescente londonienne qui rêve d’une vie palpitante pour échapper à la morosité de son quotidien. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, elle vénère ces nouveaux dieux, et plus particulièrement Amaterasu. Elle va faire la rencontre de Lucifer, « Luci », une jeune femme androgyne. Autoritaire, charismatique et habillé en blanc, Luci impressionne Laura. Quand Luci lui propose de côtoyer les dieux, Laura n’hésite pas longtemps. Mais ne dit-on pas que le diable se cache dans les détails ?

 

The Wicked + The Divine (quel titre !) n’est pas la première collaboration entre le scénariste Kieron Gillen et le dessinateur Jamie McKelvie. Les deux artistes britanniques ont déjà collaboré sur Phonogram (pour Image Comics) mais Young Avengers (pour Marvel) où, sous prétexte d’écrire une série de super-héros, ils abordaient déjà la problématique de l’adolescence. C’est peut-être ce qui me le moins séduit dans The Wicked + The Divine ; on ne sort jamais des stéréotypes : on a compris depuis longtemps que les ados sont délaissés et incompris par des parents et qu’ils sont attirés par la célébrité (forcément éphémère) pour protester contre le spleen généralisé.

 

Non, ce qui me séduit dans ce premier album, c’est la manière d’envisager la présence de divinités sur Terre. J’ai bien sûr beaucoup pensé à American Gods de Neil Gaiman en lisant The Wicked + The Divine, mais Gillen parvient à trouver son propre style. Ses dialogues sont arides, et fournissent généralement l’information par sous-entendus. Et il faut accepter de lire ce premier tome en ayant pas nécessairement toutes les clés pour comprendre. Voire même de relire certains épisodes pour bien comprendre certaines allusions.

 

Le point fort de The Wicked + The Divine, c’est son dessin. J’avais déjà remarqué Jamie McKelvie sur Young Avengers, et on peut dire que son talent éclate dans ce premier tome. Pour faire simple, une bonne partie de la crédibilité de l’histoire repose sur son dessin. Sa Luci jouant un rôle central (et c’est valable pour l’ensemble du Panthéon divin), il était important de soigner son design. McKelvie assure dans ce rôle, sans compter sa capacité incroyable à faire passer les sentiments des personnages. Un mot sur Matthew Wilson dont le travail sur les couleurs rehausse les visuels de McKelvie.

 

Au final, ce premier tome, compilant les cinq premiers épisodes, ne m’a pas totalement convaincu. Kieron Gillen esquisse un univers original, personnel, séduisant et avec du caractère, mais, à mon avis, il ne fait dans ce tome 1 que nous laisser apercevoir un potentiel. Oui, j’ai envie de lire la suite, surtout parce que Gillen rend volontairement son intrigue occulte. The Wicked + The Divine est un véritable OVNI dans le paysage du comic-books, et rien que pour ça je serai là pour le tome 2.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Kieron Gillen (scénario), Jamie McKelvie (dessin)

The Wicked + The Divine, tome 1 – Faust départ

Édité en France par Glénat (26 octobre 2016)

Traduit par Éloïse de la Maison

Collection Comics

176 pages couleurs, papier glacé, couverture rigide

17,50 euros

ISBN : 9782344018071

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