Résumés et analyse des grandes œuvres de la littérature classique et moderne.

Manon Lescaut de l’abbé Prévost : Résumé

 

Résumé : Manon Lescaut de l’abbé Prévost (1753)

 

Dans son origine, le chef-d’œuvre de l'abbé Prévost ne devait être qu'on épisode de l’Histoire du chevalier Des Grieux faisant partie des Mémoires et Aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde.

 

Comment, dira-t-on, pouvez-vous mettre tant de prix aux aventures d'une fille entretenue et d'un chevalier d'industrie. C'est précisément à ce titre que l'ouvrage me paraît plus remarquable. Quel mérite a donc l'auteur, puisque avec un pareil sujet il a su attacher et émouvoir ! Comment deux enfants qui se prennent de passion l'un pour l'autre à la première vue, et qui semblent d'intelligence avant d'avoir pu se parler, qui abandonnent tous deux leurs parents pour s'enfuir ensemble, sans se douter si l'on a dans la vie d'autre besoin que de s'aimer ; qui se trouvent bientôt dans l'indigence, et dont l'une prend le parti de faire commerce de ses attributs, tandis que l'autre apprend à friponner au jeu ; comment ces deux personnes dont les aventures jusque-là paraissent si communes inspirent-elles dès le premier instant un intérêt si vif, et qui à la fin est porté au plus haut degré ?

 

C'est qu'il y a de la passion et de la vérité, deux choses inappréciables dans tout ouvrage d'invention c'est que le caractère de Manon est tracé d'après nature ; que cette femme est toujours fidèle au chevalier des Grieux, même en le trahissant ; qui n'aime rien tant que lui, mais qui ne craint rien tant que la misère ; qui mêle un si grand charme à ses infidélités, dont l'imagination voluptueuse, les grâces, la gaieté, ont pris un si grand empire sur son amant, qu'une telle femme est un personnage aussi séduisant dans la peinture que dans la réalité; c'est que l'enchantement qui l'environne sous le pinceau de l'écrivain ne la quitte jamais, pas même dans la charrette qui la transporte à l'hôpital ; c'est qu'en ce moment Manon, avec ses larmes qui l'inondent, et ses beaux cheveux flottants qui la couvrent, liée par le milieu du corps, tendant les bras à son amant qui paie de quart d'heure en quart d'heure la permission de la suivre de loin, et qui attendrit jusqu'à ses impitoyables conducteurs, Manon semble séparée de ses méprisables compagnes par le prestige qui suit partout la beauté, et par cet intérêt qui naît toujours d'une grande passion ; c'est que dans ce prodigieux attachement du chevalier, que les fautes et les malheurs de sa maîtresse ne font que redoubler, on ne peut méconnaître cet attrait réciproque qui entraîne et domine à jamais deux créatures nées l’une pour l'autre. Et qu'arrive-t-il à la fin ? Que cette femme, si aimable jusque dans ses torts, devient ensuite admirable par sa constance et sa tendresse, que les erreurs d'une imagination ardente font place aux vertus d'une âme sensible qu'après avoir été une maîtresse charmante, Manon devient une amante héroïque ; qu'elle préfère la pauvreté, les dangers, la proscription de son amant aune alliance honorable et avantageuse avec un homme en place que cette femme si délicate, si amollie par l'habitude des plaisirs, consent à fuir dans un désert avec celui qu'elle aime plutôt que de s'en séparer, et trouve enfin la mort à côté de lui, exemple frappant de cette vérité morale, qu'il n'y a point d'âme qu'une grande passion n'élève au-dessus d'elle-même et ne rende capable de tout.

 

Quelle situation plus déchirante que celle de des Grieux lorsque sa malheureuse amante expire à ses côtés, épuisée de douleur et de fatigue, au milieu des déserts où elle t'a suivi J'avoue que j'ai éprouvé rarement une émotion aussi profonde, un attendrissement aussi douloureux qu'au dénouement de cet ouvrage.

 

[Répertoire de la littérature ancienne et moderne. 1824-1827]

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