Mad Love

Harley Quinn est folle amoureuse du Joker. Mais ce dernier n'a qu'une seule idée en tête : éliminer définitivement Batman. Alors Harley commence à se dire que si elle pouvait supprimer le Chevalier Noir, elle pourrait peut-être filer le parfait amour avec son cher « poussin ». Mais comment l'acolyte du Joker va bien pourvoir s'y prendre pour piéger Batman ?


Pas surprenant que Paul Dini et Bruce Timm aient choisi la figure d'Arlequin, valet comique de la commedia dell'arte (Harley Quinn, Arlequin, notez la quasi-homonymie). Pour sa toute première apparition, dans l'épisode Chantage à crédit du dessin animé Batman : The Animated Serie, Harley Quinn est un simple faire-valoir un peu foldingue du vilain Joker. Paul Dini et Bruce Timm voulaient rendre le Joker plus effrayant, et jugèrent que lui adjoindre une fille cinglée ferait ressortir son côté absurde. Mais Harley Quinn plaît au public. Énormément. Si bien que ses créateurs vont la réutiliser souvent, jusqu'à en faire presque un symbole de la série animée.


Ce n'est que deux ans plus tard, en 1994, que DC Comics commande à ses créateurs un graphic novel dédié au personnage : Mad Love (Amour fou). Harley n'est alors pas encore officiellement intégré à la continuité DC Comics (son officialisation se fera plus tard, dans le crossover No Man's Land). Mad Love est une histoire située dans l'univers du dessin animé (Harley Quinn y arbore d'ailleurs un costume au design identique à celui de la série). Malgré tout, Mad Love révèle pour la première fois les origines d'Harley Quinn et précise ses relations avec le Joker.


Mad Love est pratiquement la première bande dessinée de Bruce Timm. Évidemment on y retrouve le style unique de l'artiste qui utilise ici le gaufrier (une planche découpé en 3x3 cases) pour dynamiser l'action. On y sent tout le talent de Bruce Timm pour relier les cases les unes aux autres dans un rythme épatant. Ne pas se fier au style très dessin animé de Bruce Timm, on est loin d'une histoire pour enfant. Voir la scène dans laquelle une Harley en nuisette tente de mettre le Joker sous la couette : l'utilisation de la symbolique sexuelle du V inversé ne fait aucun doute quand aux intentions de l'anti-héroïne ! Ses rêves de bébé Joker non plus !


Une remarque sur cette édition exceptionnelle parce que Urban Comics propose des bonus que l'on voit rarement. Vous pouvez donc découvrir les crayonnés encrés des 64 planches de Mad Love. Mais l'éditeur a jugé bon de rajouter ces même planches avec le guide pour le coloriste. Les mauvaises langues diront que c'est une manière comme une autre de nous resservir trois fois les même planches (ils oublient le prix très attractif). Mais les amateurs de comic book profiteront de cette occasion (rare) de toucher d'un peu plus près le processus créatif ; Urban a traduit toutes les notes en marge des planches. À vous de voir si c'est bien ce que vous recherchez. Urban nous propose en bonus deux très courtes histoires dans l'univers de Batman par les mêmes auteurs.

Avec Mad Love, Harley Quinn réussissait son entrée dans le monde de la BD. Le talent du duo Paul Dini/Bruce Timm, rôdé sur les dessins animés, fonctionne à plein régime et on est immédiatement embarqué dans une intrigue originale, drôle et fine. Un vrai petit bonheur. À noter que nous retrouverons Harley Queen  dans son incarnation la plus récente dans la série Suicide Squad en avril prochain.



Stéphane Le Troëdec




Paul Dini (scénario), Bruce Timm (dessins)

Mad Love

Édité en France par Urban Comics (11 décembre 2015)

Collection DC Deluxe

168 pages couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

15 euros

EAN : 9782365778084

Aucun commentaire pour ce contenu.