Les dessins d’Amandine Tochon sont superbes. Issus parfois d’images d’archives, de photographies personnelles ils proposent des renaissances qui contiennent des abandons. En surgit un chant et un contre-chant du monde. Tout se joue entre traces et subtilités afin de poser la question de l’identité comme de la différence. Les dessins dégagent l’image d’un aspect purement narratif. On ne peut pas pour autant parler à leur propos de formes  purement « stylisées ». Une porosité particulière au monde dans sa diversité transforme le réel par mutations où jaillissent ça et là des brûlures d’absence.

 

Le geste de création n’a rien d’une reproduction. Amandine Tochon ne cesse de plonger dans un sillon aussi nocturne que solaire pour tordre l’obscur en un travail de fouille. Il laisse apparaître par éclats une sobriété expressive et impressive. L’artiste rejoint l’unisson des rythmes telluriques qui nous dépassent au moment même où le monde proche est le plus lointain. L’inverse est vrai aussi. Au fil de la quête artistique il reste difficile de préserver les  images qui retiennent à lui. Mais la sidération de l’oeuvre naît de ce hiatus.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Amandine Tochon, « Vis à Vis » (avec Camille Cloutier), 17 janvier - 10 mars, l’Angle, espace d’art contemporain du Pays Rochois, la Roche sur Foron