Nadia Spahis : fantaisies "militaires"

 


Nadia Spahis crée par ses petites armées gorgones diverses apparitions d'un mystère aquatique et féminin. La couleur sensation produit  l'émotion lumière au sein d’un jeu de piste dont on connaît mal le point de départ et celui d’arrivée. Contre la nuit du monde une étendue lascive progresse par nappes  à la faveur des recoupements et des renversements.  Sur le bleu, le rouge, le vert l’artiste met dans le bain de simulacres astucieux où le corps de la femme devient lui-même paysage. Mais tout n’est pas donné à voir. Le jeu des filtres, l'accommodation à la couleur qu'ils provoquent créent l'appel plus que la présence. Donc un certain manque et le renforcement du désir.


 


Car ici et par des notes de couleurs l'émotion naît dans le ventre, dans la tête  et à l’«intersection» des deux. Entre ordre et désordre aussi, contemplation et invitation mais toujours selon une volupté diffractée. L'œuvre attise de sa tonalité mystérieuse des aubes ou des crépuscules. Le monde se met à flotter dans les rizières des songes, les marécages des fantasmes de la Lady Color. Il y a là une suite d’icônes, de poupées camouflées, des amazones et presque des saintes mais «  kitschétisées » dans une connotation de théâtralité pour mieux détruire la superficialité décorative.  L’artiste ruine ainsi tout thésaurus, écarte tout pensum au profit d’une accentuation de la douceur érotique de la vie qui se respire non sans une certaine nostalgie.


 


Jean-Paul Gavard-Perret.




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