Jane Lafarge Hamill : l’image et son doute

Jane Lafarge Hamill produit une œuvre au statut particulier. Travaillant principalement sur le portrait elle enchâsse sa propre histoire dans celles de ses modèles en prouvant que toute saisie garde son secret. D’où la destructuration progressive de ses images et leur « effacement ». Chaque portrait devient un « objet »  de hantise et de méditation. Liquidant tout le spectaculaire Jane Lafarge Hamill «durcit » progressivement son approche prouvant que l'illusion de réalité n’est pas la source de l’image. Sachant rebondir sur elle, la créatrice lui octroie une autre présence, un autre contenu, une autre façon de la regarder. Les pans de lumières créent des resserrements pour permettre l'apparition d'une nouvelle théâtralité du réel en une sorte de suspens filtré.  S'éprouve une fugace extase : ce qui est absent est répandu par la couleur que rehaussent par touches les lignes qui l’exalte. Tout est là mais comme hors de prise, en dehors de l'image.  Le réel qui était son départ n’est plus au terme qu’un point d'arrivée différé.   L’inquiétude est donc la faille ordinaire de l’artiste :  là où l’évidence pourrait régner tout capote, diverge : le doute est omniscient.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Jane Lafarge Hamill, J. Cacciola Gallery, 537 West 23rd Street, New York.

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