Depuis toujours les oiseaux ont accompagné l’être humain dans ses productions artistiques : du Paléolithique en passant par l’ibis de l’Egypte des Pharaons jusqu’aux oiseaux de Matisse ou de Brancusi. Il y a là une stratégie cognitive, symbolique (de la paix à l’écologie) comme parfois purement décorative. Mais selon Hubaut l’oiseau dans ses mixages d’images fait plus.

Pour l’iconoclaste jusque dans les affres sévères d'hiver l’oiseau tire bien des affaires au clair et décroche la lune (lorsqu’il est de nuit). Frère de la côte fêlée au dos fin du volatile Hubaut fait de lui sa   muse aux grands mots et son  grand remède. Il devient le céleste hymen. Ses voiles prennent le large : côté ouest il largue de l’est. Mais l’inverse n’est pas forcément vrai. Sous l’orage il vole à perle baleine sans parapluie. Dans la brume il file telle une cage d’eau, une âmulette là où le poisson ne fait qu’un cercle. En des contrées aux cheminées coiffées de fées il pénètre leurs échancrures corsaires Dante erre aussi mais l’oiseau n’a pas de dents contre lui. Dans son no man's langue les mots sont sciés par son cri. Et il arrive que comme Hubaut il met la charrue devant l'hébreu avant de picorer un ver sans tain. A l'aube d'oreille son aubade jette au bas du lit ce qui fait parfois grommeler la lune de miel. Ses bas déchirés il pique aux restes. Mais ne fait pas d’un tel fromage un lait mental. S’envolant il danse un tango argent teint, bifide bi raisin auprès de celle qui vitupère lubrique tant elle a de ressorts au lit. Quant à Hubaut, levé à la belle étoile, il reste faucon à tête dur. Son doigt devient perchoir pour rouges gorges. Et déjà son  cœur est  pieds nus jusqu'au cou. Il couche entre les branches de jambes où pousse la fleur unique où un oiseau a faim d'extase tandis qu'un murmure indique à la caresse le chemin pour glisser dans les plumes. 

Jean-Paul Gavard-Perret.

Joël Hubaut, VIDEO FOREVER 19 *Video Birds*, le 3 septembre au Musée de la Chasse et de la Nature, rue des Archives, Paris 3ème.