Claire-Marie Gosselin : genèses

L’œuvre de Claire-Marie Gosselin est à forte puissance spirituelle mais elle représente aussi un acte « érotique » qui métamorphose le paysage et le corps en cérémonie. Du voyeurisme le regardeur passe à la voyance. Surgissent par fragments souvent bleus des seuils. Ils deviennent des feux particuliers venant réchauffer l’hiver des forêts enneigées et des cœurs glacés. Un demain se cueille en des traces vives de l'émoi sur la piste des nuits de l’être. De tels lieux permettent à celui qui les regarde de faire des découvertes comme s'il marchait des heures entières dans la neige. La connivence avec l’intime déplace l’exhibition : l’éternité que l’artiste a éprouvé dans son enfance devient une manière d’échapper au temps et de rappeler qu'en l’être se trouve des réserves d’espoir  pour aller jusqu'au au bout de ce qui ne se pense pas encore.  


Claire-Marie Gosselin demeure ainsi la revenante jamais soumise, sinon par la force des désirs et de la foi. Nous pouvons grâce à elle aller au delà de l’errance, dans ce retour qui n’est pas éternel  mais le pas en avant.  L’oeuvre reste à ce titre énigmatique, mystérieuse. Sa force sensorielle et mystique et affective demeure surprenante et source d’une dynamique  étrange.  Surgissent des mondes oubliés, des vérités omises. Une seule à vrai dire : celle de la  réalité où l’être se doit de perdre pieds. Eléments abstraits et montagnes ne sont pas dans le paysage, ils le font. L'exigence de l’ouverture suit son cours pour de nouvelles genèses.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.