Les roses cendrées des Flore Kunz

Les femmes de Flore Kunz portent sur elles ou en leur centre d’étranges machines ou paysages et parfois des hommes en forme d’épieux plus vagissants qui mordants. De tels harnachements habillent leur coquille sans en venir à bout. Les collages créent  la jubilation des hasards pour l’espoir d’une plongée dans des gouffres d’oubli. Parfois c’est en d’étranges « toilettes » que l’amour se consomme. Il n’existe pas vraiment de couples : juste d’éphémères brasiers de  corps ou de machines qui mûrissent des fruits imprévisibles.

 

Face à l’homme bandé comme une arbalète vive prête à tirer des comètes, la femme - fière de ses deux mangue de Satan qu’elle néglige de cacher - lève des roses d’acier. Qu’ont-elles à faire de la fidélité ? Elles sont accrochées à la nuit et cultivent le myrte dans des coins devenus leur jardin suspendu. La lune au poing elles en appellent aux orages du soir. Leur refus se forgera vers minuit quand les nuages se seront arrêtés devant l’astre nocturne. Avant de se quitter elles se promettront à elles-mêmes une prochaine tempête dans un endroit plus vaste, sur un lit du bois rare des forêts de Martinique, du bois ocellé des fleurs fossiles des lianes. Ou sur une moto Norton comme on n’en fait plus. Manière de rappeler que femme et moteur font la joie et la douleur.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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