Aurélie Mantillet : vous savez, vous, ce qu’il en est de l’amour ?

Les œuvres d’Aurélie Mantillet sont « habitées » par la figure du manque. C’est pourquoi ses portrait sont  ouverts - fermés. S’agit-il de ceux d’amoureuses ? Peut-être… Mais avec l’artiste ce n’est pas ce qui rassure… C’est d’ailleurs ce qui la désespère et qui appelle au dépassement de l’amour par l’art lui-même. D’autant que les mots manquent à l’amour : il lui faut donc des formes où ce qui se dérobe, s’offre. Bref il faut multiplier les images allusives dont la figuration force à s’interroger pour savoir qui se cache sous le « masque » d’un sourire ou d’un buste.

 

Il semble à portée du regard mais ce qui s’attend ne se reconnaît plus.   L’air pèse sur des lèvres, l’oeil  demeure clos et sourd, le corps se montre ou se replie pour  faire la vie mouvante.  L’œuvre  agrandit la nostalgie, absurde, inamovible, bornée et solennelle. D’où la beauté particulière de ces fragments d’éros qui se connaît mal mais ne possède pas de fin. Mais lorsque Vénus bouge, existe-t-il encore quelqu’un qui vienne à sa rencontre en ce qui demeure un cérémonial mystérieux ? Le corps est là et il échappe. Difficile parfois de ne pas penser à la mort. Néanmoins Eros prend de voluptueuses poses face à l’abîme qu’il convient toujours de combler.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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