Mues pour une vérité première : Claire-Marie Gosselin

Claire-Marie Gosselin crée des « nudités » particulières afin de lancer les douleurs du vivant : « ce n'est pas du théâtre, ce n'est qu'un instant qui matérialise l'abandon, le silence, la trahison, le rejet » écrit l’artiste. Elle trouve là le moyen d’incarner de vieilles émotions qui  engendraient la peur, ankylosaient  l’amour. Reprises, elles font perdre la raison, flagellent l'esprit, annoncent un impalpable, casse l’immuable - où ce que l’artiste prenait comme tel.

 

Soudain le corps double dépasse le corps réel pour une infinité de présences. Entre sa « peau » noire et la blanche il redevient foyer et lumière : les formes inventées diffusent la chaleur du vivant. Face à lui le regardeur perçoit le mouvement, l’équilibre : le corps est arraché à la pesanteur. La vie consent à nouveau, monte d’une forme qui jonche le sol et passe vers celle qui s’élève.

 

L’emprise vitale ose jusqu’à la morsure du fruit jusque là défendu. Du pli, le geste conduit au galbe accordant la présence à la part de l’être éternel dont aucun trépas ne tarit la plus intime pulsation.. La peau abandonnée brade la ressemblance : nous sommes portés au-delà de l’apparence. Claire-Marie Gosselin anime l’insaisissable où le noir dévale profond et où le corps crée du bleu avec le blanc. Un bleu de ciel en sa multiple carnation. La performance prodigue donc une présence accrue. En  deux « peaux » le corps unique apparaît.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

Claire Marie Gosselin : Bleu d'i@i, Performance,
15 mars 2015 à 13h13, Palais des Arts Harricana, Vieux-Palais
101, 3e Avenue Est, Amos, Québec.


Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.