Dans l'intimité ou le voile de la nudité : Malerie Marder



Il n’existe pas - selon Malerie Marder - de canons aux charmes du beau sexe. Même les femmes exogènes se trouvent reconsidérées loin de toute dérision ou ostracisme. Les modèles du photographe n’ont plus rien à voir  avec celles qu’on rencontre chez ses confrères. La femme obèse lui  permet de  « rebondir » afin  d’approfondir le concept de féminité hors du charmant, du décoratif.  De nouveaux rituels prennent le pas sur les coutumiers. Dans le sur-piquage d’un dessus de lit des contours lascifs, des émois  tendres prennent de nouvelles formes. La déclinaison du nu s’ouvre à de multiples échos. Le genre sort d’un carcan où la maigreur fait la moniale. Le nu ne répond pas aux règles  du prêt-à-porter, de l'ameublement ou de la déco photographique.


 


Un monde « normal » apparaît grâce aux égéries qui ne sont plus des top-modèles. Revenant au galop le naturel détourne de la confection marketing. Il opte pour une « sculpture »  plus roborative. Manière de montrer - entre autres- que l’art n’est pas ce qu’on croit. Une femme « de tous les jours » peut servir de « patron », de modèle.  Sa différence n’est plus exempte jusque dans ses plis et bourrelets. La transgression prend une voie nouvelle.  Il y là a sans doute là une forme de féminisme avancé. La chair s’y fait  « nature » parfaite. Les couleurs comme le noir et le blanc l’exhaussent avec délicatesse ou rudesse qui ne coïncident  plus avec les stéréotypes d’usage.


 


Les jeux entre le montré et le caché restent plus complexes qu’il n’y paraît.  Existent dans l’œuvre autant une métaphorisation qu’une littéralité.  L’intimité est interrogée au plus profond. L’artiste ne suggère-t-il pas la recherche d'un paradis différent ? Il n’a pas forcément les formes exsangues des femmes de magazines de mode qui les réduisent à des porte-manteaux. En une époque où un érotisme sophistiqué (faussement) tient le haut du pavé, Malerie Marder rappelle que la féminité peut caresser (si l’on peut dire) d’autres ambitions.


 


Jean-Paul Gavard-Perret


 



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