Faustine Levin et le ressac de l’ombre

 


 

Faustine Levin  joue autant du clair que de l’opaque, de l’humour que de la gravité. Elle sait créer au besoin des photographies picturales et léchées mais ce n’est pas la partie la plus intéressante de son travail. On la préfère rebelle à tout effet donc bouffonne coprophage mais aussi « fille de la campagne »  sachant par ses prises trahir bien des silences. La créatrice représente l’émergence de la nouvelle photographie. Entre ciel plein et plomb du monde, dans la charnière des vents comme dans des intérieurs sombres, elle saisit d’un visage la « poussière » des ans ou le rose de printemps. Loin des perroquets de l’ingénierie photographique elle poursuit une œuvre originale où la féminité n’est plus traitée en viande ou fourrage.

 

Par son travail qui  provient de l’intelligence, de l’œil, du cœur et du déclic Faustine Levin reste la créatrice d’énigmes à fleur de vie. Ses images caressent l’indicible, peuvent être aussi dilatées qu’elliptiques mais toujours pudiques par leur théâtre des apparitions.  En surgissent le tout autre et le même. Blancheur des cocons parfois, sensation de l'impalpable jusque sur le béton. Les œuvres, quoique parfois sans concession, ne sont pas de celles qui blessent, annihilent, étouffent. Il n’est pas jusqu’au désir à être pacifié selon des figurations détournées. Dans de tels clichés subsiste la promesse d'un autre horizon, d'une autre aventure poétique donc existentielle.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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