Les petites pestes de Francesca Jane Allen

 

Installée à Londres Francesca Jane Allen aime à saisir des jeunes filles espiègles, naturelles mais qui savent jouer de leurs charmes. Sa muse principale reste sa propre sœur. Elle apparaît dans un bon nombre de ses photos. A travers elle l’artiste réinvente la généalogie possible des post-adolescentes. Contrairement à beaucoup de jeunes femmes en fleurs, son égérie  ne tire pas la tronche. D’autant que la photographe ne cherche jamais à travers elle à faire des photos de famille.

Toutes ces jeunes filles ne cultivent ni le bouddhisme tibétain ni le néothomisme.


L'Anglaise les ménage parce qu'elle possède la force de frappe d’un bûcheron et la précision d’un orthodontiste pour peaufiner leur anatomie ou leurs habits. Ses modèles bougent comme on bouge à cet âge-là, c’est à dire tantôt en s’avachissant sur l ‘herbe  avec un air exténué, tantôt en sautant comme des grenouilles qu’on viendrait d’électrifier.


Les adolescentes attirent l’attention pour plusieurs raisons. Entre autres parce qu’elles disent « Ça ne vous dérange pas si je me mets à l’aise ? ». Il y a là de l’humour et de la poésie.  L’artiste évoque le temps des amours presqu’enfantines dont rien pourtant n’est évoqué. Ce qui ne veut pas dire pour autant que ce temps fixé ferait de la jeunesse un jardin de cendres rigoureusement clos sur lui-même. Francesca Jane Allen plus que de nourrir mythes et  fantasmes s’ouvre à la  seule  présence pour lui conférer sens, valeur, plénitude.


Jean-Paul Gavard-Perret

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