Patrick Lichfield et les petits traités du fugace
Bénéficiant de ses “royales” connections Patrick Lichfield avait ses ouvertures à Buckingham. Dès 1966 pour Vogue il propose un portrait célèbre de la duchesse et du duc de Windsor. Adepte des nouveautés techniques il passe très vite à la photo digitale et fait partie de la « gentry » des photographes. Il intégre the British Institute of Professional Photographers et the Royal Photographic Society. Il devient le photographe de la jet-set. Non seulement les têtes couronnées mais les artistes (Jagger, David Bowie, Raquel Welch, Jane Birkin et bien d’autres) sont objets de son attention. Marié à Lady Leonora Grosvenor en 1975, l’hymen termine une décade d’une vie dissipée qui néanmoins elle reprendra très vite tant les tentations étaient au bout de son viseur.
L’artiste
en dépit ou à cause de ses sujets a su faire preuve de respect admiratif et de sophistication souvent avec une pointe d’humour. Amours et blessures se cachent sous une légèreté ou gravité qui “ cadre ” avec ceux qui savent ce qu’il en est de jouer avec les images, leur part d’exhibition et de cache-cache. A la traque Lichfield préfère la recherche des reflets dérobés pris dans les filets d’une pêche miraculeuse. Existerait-il donc un moyen plus approprié pour s’introduire en douceur jusqu’au cœur de la vie des stars ? Plus que chercher le pittoresque ou l’anecdotique le photographe rapatrie ses modèle vers un eden artistique, vers des mises en scène qui leur accordent une profondeur ou une légèreté particulière dans ses petits traités d’archéologie du fugace. Lichfield a compris qu’il ne faut jamais rechercher le prétendu marbre de l’identité supposée mais sa terre friable celle qui fait face dans le réel comme dans l’illusoire à un jeu de piste dont on connaît ni le point de départ, ni celui d’arrivée.
Jean-Paul Gavard-Perret
Photos de Jane Birkin et Jerry Hall.
0 commentaire