Pierrette Bloch : le peu et le tout


 

Pierrette Bloch appartient à ces créateurs du déchirement qui portent le vide au milieu des choses. Faite de matériaux pauvres (fusain et craie sur isorel par exemple), de formes simples, totalement abstraites et sans couleur (dessins ou sculptures de crin), l’œuvre est d’une grande cohérence. L’artiste joue sur des variations imperceptibles de tonalité, de rythmes minimalistes au sein d’un travail sur l’espace et le temps. Elle joue aussi sur le mouvement qui déplace les points et les lignes. Tout se place donc sur le jeu antinomique de la liberté et de la rigueur, de la surface et de la profondeur.

 

L’objectif de l’artiste reste constant : donner à voir le dessin le plus simple dans l’espace. Pour cela elle a par exemple tendu parfois une ligne à quelques centimètres du mur dans un écart. Cette « ligne » tendue s’agrémente d’infimes arabesques, boules, mailles, nœuds qui tracent un langage abstrait le plus invisible possible. L’artiste se situe en-deçà ou au-delà des principes les plus habituels de l'Imaginaire. Reste un mince filet blanc sur le noir afin de « désimager » l’image. Rien ne se révèle sinon une absence, un inconnu. Un inconnu à entendre au neutre, il n'a donc  rien à voir avec la possibilité d'un Dieu même lointain. On pourrait penser que, puisque l'image s'efface, l'Imaginaire capote. De fait il  ne peut être question d'échec de l'Imaginaire mais de sa réussite suprême.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

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